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Grand Angle

Migration : La Commission européenne peine à aider le Maroc dans la gestion des flux

Bruxelles déplore l’insuffisance des ressources du Fonds fiduciaire de l’Union européenne pour l’Afrique du Nord, censé limiter les mouvements migratoires sur le continent africain, et appelle les Vingt-Huit à mettre la main à la poche.

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Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, déplore l’insuffisance des ressources du Fonds fiduciaire de l’Union européenne pour l’Afrique du Nord. / DR
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La réponse du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à la demande du Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, laisse craindre que l’Espagne doive encore faire face à la pression migratoire averc les moyens actuels. Si le responsable a reconnu que la détérioration des contrôles au Maroc «exige un effort financier plus important», il a toutefois rappelé au chef du gouvernement espagnol que «les ressources du Fonds fiduciaire de l’Union européenne pour l’Afrique du Nord sont malheureusement limitées», rapporte aujourd’hui El País.

Ce fonds a été créé en 2015 pour limiter les mouvements migratoires sur le continent africain. Le budget communautaire a depuis contribué à hauteur de 3,5 milliards d’euros à cet objectif. En théorie, les membres de l’UE auraient déjà dû atteindre une contribution égale, mais jusqu’à présent, les Vingt-Huit, ainsi que d’autres donateurs comme la Suisse et la Norvège, n’ont engagé «que» 439 millions d’euros.

D’après le courrier de la Commission européenne adressé à Pedro Sánchez, Bruxelles a demandé, le 25 juillet, aux membres de l’UE d’«alimenter le fonds par des montants qui répondent aux attentes réelles, parallèlement au budget de l’Union européenne qui est déjà considérable». Juncker promet par ailleurs à l’exécutif espagnol que dès que ces contributions se concrétiseront, il y aura «un financement supplémentaire pour la gestion des frontières au Maroc».

Les Vingt-Huit n’en sont pas à leur première tentative pour contenir les flux migratoires en provenance du royaume. Fin juin, les dirigeants européens avaient convenu d’augmenter les fonds en faveur de l’Espagne et du Maroc afin de soutenir la gestion de ces flux, au regard du nombre croissant de migrants qui se rendent en Europe en empruntant la route reliant les deux pays, avait déclaré Pedro Sanchez après le sommet de l’UE à Bruxelles.

Des flux en hausse mais «contrôlables»

Une pression migratoire que l’UE a récemment imputée au Maroc. Plusieurs rapports internes émanant de Bruxelles rapportent en effet que le royaume a baissé la garde en matière de surveillance des flux vers l’Espagne. Des observations balayées par les autorités marocaines, celles-ci ayant récemment confirmé qu’il n’y avait pas «d’attitude délibérée» pour laisser entrer davantage de migrants en Espagne, a rectifié le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell. L’augmentation des flux serait due en réalité à la fermeture de la route libyenne vers l’Italie.

Lors d’une conférence de presse, le chef de la diplomatie espagnol a expliqué s’être entretenu en fin de semaine dernière avec son homologue marocain, Nasser Bourita. Ce dernier lui a ainsi confirmé que le Maroc n’avait opéré aucun «changement» dans sa coopération avec l’Espagne en matière de lutte contre l’immigration clandestine. L’arrivée d’un plus grand nombre de migrants ces derniers jours est «simplement due au fait que la pression augmente naturellement parce qu’il y a plus de personnes qui circulent à travers des circuits qui étaient jusque-là moins fréquentés», a ajouté Josep Borrell. «Il n’y a pas de changement d’attitude de la part du Maroc (…) pour permettre d’augmenter les flux par négligence ou par inadvertance», a-t-il insisté.

«Nous devons appeler à mesurer les choses dans des termes plus justes», a encore affirmé le ministre, soulignant que quelque 20 000 migrants sont arrivés jusqu’à présent cette année en Espagne, ce qui pour un pays de 40 millions habitants «ne représente pas une ‘‘immigration de masse’’». «Les arrivées peuvent certes augmenter, mais elles demeurent pour le moment contrôlables», a souligné Borrell, regrettant l’exagération de l’emploi du terme «immigration massive».

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