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Grand Angle

Migration : Le Maroc a-t-il baissé la garde sur les contrôles ?

L’Union européenne s’inquiète d’un assouplissement des contrôles de l’immigration irrégulière vers l’Espagne depuis le Maroc. Le royaume juge quant à lui insuffisant le soutien logistique et financier des Vingt-Huit.

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Le mont Gourougou est connu pour abriter un grand nombre de candidats subsahariens à l’immigration clandestine. / DR
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Les autorités marocaines ont-elles assoupli le contrôle de l’immigration irrégulière, notamment les départs vers la péninsule ibérique voisine ? Plusieurs rapports internes de l’Union européenne rapportent en effet que le Maroc a baissé la garde en matière de surveillance des flux migratoires vers l’Espagne, selon El País. En cause, le mécontentement de Rabat vis-à-vis du soutien financier et logistique européen.

Une réaction à laquelle Bruxelles n’a pas tardé à répondre, avec l’approbation début juillet d’un programme de 55 millions d’euros pour la gestion des frontières du Maghreb. Ce dernier soutiendrait les efforts consentis par le Maroc et la Tunisie pour le sauvetage des vies humaines en mer, l’amélioration de la gestion des frontières maritimes et la lutte contre les passeurs opérant dans la région, précise l’Economiste.

Des sources de La Moncloa, résidence officielle du chef du gouvernement espagnol, indiquent à El País que le Maroc attend depuis deux ans un soutien économique plus appuyé de la part des Vingt-Huit, à l’échelle de 30 millions d’euros. Les autorités marocaines ont d’ailleurs récemment formulé plusieurs demandes à Bruxelles via l’Espagne. «Elles attendent toujours une réponse», précise-t-on du côté de La Moncloa.

Si les autorités espagnoles ne tarissent pas d’éloges sur leur coopération avec le Maroc, en particulier sur le front de la lutte anti-terroriste, les coulisses de cette collaboration semblent autrement moins reluisantes en matière d’immigration irrégulière. Ainsi, les données internes de Frontex, l’agence européenne des frontières, font état d’un dysfonctionnement dans la surveillance des flux migratoires, comme l’a constaté El País, qui évoque une «situation volatile».

Une tendance prévisible

Il y a un peu plus d’un mois, des experts sur le terrain ont détecté une certaine inactivité des responsables marocains pendant les après-midis. Or, c’est justement durant cette période de la journée que les réseaux de passeurs organisent le départ des migrants. Au cours des deux dernières semaines en revanche, les patrouilles ont été renforcées dans la région de Tanger et Tétouan. Et pour cause, le roi Mohammed VI y était en vacances.  

Le phénomène n’est pourtant pas inattendu. L’agence Frontex avait déjà émis des craintes dans l’édition 2018 de son rapport annuel d’analyse des risques. «Des problèmes internes au Maroc, pays de transit vers l’Espagne, ont ouvert une brèche propice aux départs, particulièrement depuis la côte occidentale», écrivait-elle.

De plus, certains rapports des services de renseignement indiquent que le mont Gourougou, montagne du Rif près de Melilia, enregistre «une augmentation de l’activité humaine». Cette région est en effet connue pour abriter un grand nombre de candidats subsahariens à l’immigration clandestine, dans l’attente de pouvoir rejoindre l’Europe. Les grandes villes plus au sud connaissent également un afflux de migrants qui espèrent se rendre au nord du Maroc pour, là encore, atteindre l’eldorado européen via l’Espagne. Autant de facteurs qui laissent entendre que les autorités européennes doivent s’attendre à une forte pression migratoire dans les prochains mois.

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