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Grand Angle

France : La crémation des dépouilles hante les MRE

Le cas de la dépouille de Hassan N., un MRE établi à Bordeaux, qui devait être réduite en cendres, relance une veille crainte des musulmans établis en Europe face à une pratique funéraires en essor.

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En islam, la crémation des dépouilles reste interdite. / Ph. DR
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L’information a commencé d’un simple post Facebook, publié ce mardi. Un cri de détresse lancé par la famille de Hassan N., un Marocain résidant en France, décédé la semaine dernière. Originaire du quartier Yaacoub Al Mansour de Rabat, la dépouille du Marocain allait être réduite en cendres dans une église à Bordeaux, rapporte Alyaoum 24.

L’histoire a été d’abord racontée par Abdelali Rami, MRE originaire du même quartier, qui a rapporté que Hassan N. ne serait pas un binational : «Il n’a que la nationalité marocaine et il est musulman».

Mais à l’origine de cette nouvelle, une demande présentée par la femme de Hassan. La ressortissante française affirme, toujours selon le post Facebook, que son mari aurait demandé que sa dépouille soit réduite en cendres après sa mort. Une demande à laquelle s’oppose la famille du défunt, dont sa mère et qui aurait saisi les services consulaires du Maroc en France afin de mettre fin à la crémation, prévue ce mercredi après un premier report.

Hassan N., entre «sa volonté» et celle de sa famille musulmane ?

Dans un deuxième article, Alyaoum 24 citant le frère du défunt, rapporte que le consulat du Maroc à Bordeaux est intervenu pour mettre fin à l'opération. «Mon frère, musulman, est décédé à l’âge de 45 ans après avoir passé cinq jours dans le service de réanimation», indique Hafid N. «Il est musulman et nous rendait visite régulièrement, surtout durant les fêtes religieuses», précise-t-il.

La justice française, saisie par la famille marocaine, devra trancher dans les prochains jours.

L’incident rappelle le cas de Mimoun Boussaâd. Décédé en septembre dernier à l’âge de 63 ans à Francfort, en Allemagne, sa dépouille risquait d’être réduite en cendres en l’absence de proches en Allemagne. Le consulat du Royaume du Maroc, en collaboration avec le ministère chargé des MRE, et les associations des Marocains résidant en Allemagne s’étaient mobilisés pour retrouver sa famille au Maroc. Chose faite juste avant la date butoir imposée par les autorités allemandes.

En plein essor, la pratique reste interdite en islam

En Europe, les MRE, majoritairement de confession musulmane, sont hantés par l’idée de crémation après la mort, pratique particulièrement en hausse. En Suisse par exemple, la crémation concerne «neuf défunts sur dix», rapportait France Bleu en novembre dernier. En Grèce, cette pratique funéraire a été rendue possible depuis 2016. Le média français avait indiqué que les pratiques funéraires évoluent rapidement en Europe.

Citant des chiffres d’une enquête IPSOS de 2015, le média affirme qu’«un décès sur trois en France» opte pour la crémation. «Six personnes sur dix en Allemagne ou en Belgique et près de 80% des défunts en Suède ou au Danemark» seraient concernés par cette pratique, également «très répandue également en Grande-Bretagne».

En islam par contre, la crémation, tout comme la momification, l'abandon d’un dépouille ou son inhumation sans rituel sont interdits. Celle-ci considère le corps humain comme une création de Dieu et que les humains sont appelés à ressusciter lors du jour du Jugement dernier.

Mais les défis sont grands face à une pratique que certains considèrent aujourd’hui comme plus écologique que l’inhumation elle-même… 

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