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Grand Angle

Espagne : Les enfants d’immigrés plus en proie à l’échec scolaire

Des chercheurs de l’université autonome de Barcelone constatent que les écoliers dont l’un des parents est immigré sont plus susceptibles de décrocher de l’enseignement secondaire. Ce sont surtout les jeunes originaires du Maroc et de la Gambie qui donnent du fil à retordre aux auteurs de l’étude.

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La Catalogne compte 1,1 million d’élèves étrangers inscrits dans l’enseignement secondaire, provenant de 26 pays. / Ph. DiarioSur
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La corrélation entre origines sociales et échec scolaire, si elle a plusieurs fois été étudiée, voire démontrée, n’en reste pas moins inquiétante. Dans un rapport du centre d’études démographiques (CED) de l’université autonome de Barcelone (UAB), cité par El País, des chercheurs rapportent que l’échec scolaire touche particulièrement les enfants d’immigrés.

Le pourcentage de ces élèves qui n’atteignent pas le niveau d’éducation secondaire obligatoire (ESO), désignant l’enseignement secondaire espagnol, est quasiment le double de celui des élèves dont les parents sont nés en Espagne. Les auteurs de l’étude s’inquiètent ainsi d’une «intolérable racialisation de l’échec scolaire» et appellent l’exécutif catalan à intervenir pour changer la donne.

Les Marocains donnent du fil à retordre aux chercheurs

D’après l’étude, 10,3% des écoliers nés en Espagne, ainsi que leurs parents, sont en proie à l’échec scolaire. Un chiffre qui grimpe à 17,3% pour ceux nés en Espagne mais dont l’un des parents est étranger, voire à 29,2% pour ceux qui sont nés en dehors de la péninsule ibérique et y sont arrivés à l’âge de sept ans et plus. «Il s’agit de voir ce qu’il se passe lors du processus migratoire. Les chiffres sont liés à l’année de l’arrivée des élèves. Ceux de la première génération [arrivés à l’âge de sept ans et plus] font face au taux d’échec scolaire le plus élevé. (…) Ceux qui arrivent avant l’âge de six ans ne s’en sortent pas forcément mieux», constate Jordi Bayona, l’un des auteurs de l’étude.

Chez les étudiants de deuxième génération, l’origine des parents est également révélatrice de certaines inégalités. «L’échec serait ainsi plus faible parmi ceux d’origine européenne (11,3%) et américaine (15,5%), où la condition socio-économique dans le premier cas et la proximité de la langue dans le second justifie de meilleurs résultats», soulignent les chercheurs.

Ces derniers déplorent le caractère «inquiétant» de ce phénomène, la population d’élèves liée à l’immigration étant élevée. Ils soulignent que les inégalités sociales sont un élément capital susceptibles de creuser le fossé, admettant toutefois que cette étude est avant tout démographique et que les causes de ces échecs n’ont pas été étudiées. Globalement, le décrochage scolaire chez les enfants d’immigrés asiatiques atteint en moyenne 17,8%, bien que les chiffres varient davantage lorsqu’il s’agit d’élèves d’origine chinoise (13,6%) et pakistanaise (35%).

Ce sont surtout les jeunes originaires du Maroc et de la Gambie qui donnent du fil à retordre aux chercheurs. «Les Marocains ont un pourcentage d’échec scolaire de six points au-dessus des natifs d’Espagne. C’est un problème car cette population va être amenée à devenir de plus en plus importante à l’avenir», s’inquiète Jordi Bayona. Parmi les 19,2% d’élèves d’origine africaine, 15,9% sont Marocains et 40,9% Gambiens, précise Europa Press. De plus, la Catalogne compte 1,1 million d’élèves étrangers inscrits dans l’enseignement secondaire, provenant de 26 pays. Avec 50 000 écoliers, les Marocains sont les plus nombreux.

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