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Grand Angle

Espagne : Les islamistes du Maroc à la conquête des jeunes musulmans ?

Dans un article citant des sources sécuritaires, El Mundo affirme que le PJD, Al Adl Wal Ihsane tout comme le parti tunisien Ennahda veulent créer un parti islamiste en Espagne. Il tire notamment sur la FEERI, dirigée Mounir Benjelloun, proche de la Jamâa.

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Ahmed Abbadi (Al Adl Wal Ihsane) en compagnie d'Abderrahmane Chikhi et Ahmed Raissouni (MUR) lors du ftour entre la Jamâa et le MUR en mai dernier. / Ph. Aljamaa.net
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Guerre d’influences en Espagne entre partis islamistes marocains et tunisiens ? Dans un article publié dimanche, le journal espagnol El Mundo affirme, citant des sources sécuritaires, que «plusieurs partis islamistes au Maroc et la Tunisie ont demandé à leurs partisans syndicaux d’intégrer des jeunes musulmans».

«L’appel s’adresse aux jeunes musulmans espagnols, particulièrement des étudiants universitaires, dont la formation peut soutenir une participation politique active et un futur leadership», détaille le journal qui cite notamment le Parti de la justice et du développement (PJD) ainsi que le mouvement Al Adl Wal Ihsane (AWI), tout comme le parti tunisien Ennahdha.

El Mundo affirme même que les deux formations marocaines d’idéologie islamiste «pourraient exporter, en plus de leurs idées, la confrontation qu’ils ont dans le pays voisin». «En Espagne, une guerre marocaine est en cours», résume les sources consultées par le journal espagnol.

Afin de soutenir sa version, El Mundo avance que ses sources rappellent que la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), composé de plus de 200 associations, aurait tenu plusieurs réunions qui ont abordé la création d’un parti musulman, guidé par la Jamâa d’Abdeslam Yassine. «Le dernier meeting aurait eu lieu il y a environ un mois à Barcelone», poursuit-on de même source, selon qui la FEERI assure qu’«aucun membre de son conseil d’administration n’a participé à cette prétendue réunion».

La présence de la Jamâa en Espagne qui dérange les sécuritaires ?

Le journal espagnol indique cependant que la FEERI reconnaît avoir reçu, il y a un an, «des suggestions sur la création d’un parti musulman». «Nous collaborons avec les partis politiques existants, nous n’avons pas le temps de créer une formation de ces caractéristiques et il est facile de savoir qui sont derrière ces initiatives et leurs objectifs», affirme ladite fédération.

El Mundo ne manque pas de faire un rappel historique. «Les représentants de la FEERI se souviennent qu’un plan similaire avait échoué il y a quelques années avec la création du PRUNE (Parti de la renaissance et l’union de l’Espagne)». Formation musulmane ayant émergé en 2010 à Grenade et qui s’était présentée en 2011 dans plusieurs villes lors des élections générales espagnoles, elle n’a pas pu convaincre les musulmans d’Espagne. Son fondateur était l’écrivain Mostafa Bakkach El Aamrani, Maroco-espagnol originaire de Tanger, aujourd’hui décédé et qui avait occupé le poste de vice-président de la FEERI, note El Mundo.

«Le mouvement Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane, ndlr) est interdit par Mohammed VI pour son radicalisme, mais c’est la formation disposant d’un plus grand soutien au Maroc», rappelle encore El Mundo, avant d’affirmer qu’en Espagne, le mouvement islamiste marocain «a une structure dans toutes les provinces». Le journal espagnol ne donne aucune information concernant les contributions présumées du PJD ou encore du parti tunisien Ennahda. Finalement, l’article est entièrement dédié à la Jamâa.

Jamâa et l’Espagne, des rapports tumultueux ?

En Espagne, la représentativité de la communauté musulmane est régie par deux fédérations. Il s’agit de deux entités qui se tirent à boulets rouges : l’Union des communautés islamiques d’Espagne (UCIDE) et la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI). Bien que cette dernière soit composée essentiellement d’Espagnols convertis à l’islam, elle est présidée actuellement Mounir Benjelloun, que plusieurs sources médiatiques qualifient tantôt de «membre actif», tantôt de «proche du mouvement d’Abdeslam Yassine».

En 2015, c’est cette même FEERI qui avait chapeauté un programme destiné à l’amélioration des connaissances de la Chariaâ auprès de 40 imams, officiant dans plusieurs mosquées en Espagne, avec la bénédiction des autorités espagnoles. Mais dès 2016, des rapports de plusieurs horizons, notamment du ministère espagnol de l’Intérieur, critiquaient la montée du radicalisme dans le pays en l’attribuant à la «présence de relais d’Al Adl Wal Ihsane».

Et les musulmans d’Espagne liés directement ou indirectement au mouvement marocain d’obédience islamiste sont nombreux. Si le nom de Mounir Benjelloun est souvent cité, Rachid Boutarbouch, qui préside de la Ligue des imams en Espagne, est lui aussi considéré comme l’une des figures de proue de la Jamaâ en Espagne.

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