Al Adl Wal Ihsane (AWI) poursuit son expansion en Espagne. Après avoir réussi à placer, avec la bénédiction de Madrid, l’un de ses disciples, Mounir Benjelloun à la tête de la puissante Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI), la voilà qui lance la première université islamique en ligne en Europe. Son siège se situe à Saint-Sébastien, dans le Pays basque.
Le projet cible tout particulièrement les communautés musulmanes installées en France, aux Pays-Bas et en Belgique, en plus de l'Espagne. Les cours y seront prodigués uniquement en arabe, fait savoir El Diario vasco, un média basque. La saison 2016-2017 est déjà lancée. L'instance est le fruit d'une collaboration entre un membre influent d'AWI, Rachid Boutarbouch et l'Université islamique du Minnesota (Etats-Unis), présidée par le cheikh Walled Al Mansi.
Madrid mise sur Al Adl wal Ihsane
Rachid Boutarbouch, président de la Ligue des imams en Espagne, est également le véritable représentant de la Jamaâ en Espagne. Il a cependant beaucoup modéré ses positions. En 2006, il défendait clairement la primauté de la Chariaâ sur les lois espagnoles. Son nom avait d’ailleurs été cité dans une note rédigée par Abdelkader E.F., l’imam d'une mosquée à Grenade, adressée aux services du contre-espionnage sur les attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Aucune suite n'avait été donnée à cette information.
Le président de l'université islamique en ligne est réputé très proche d'Ahmed Abbadi, l'actuel secrétaire général d'AWI. C'est en effet Rachid Boutarbouch qui organisait dès 2006 les tournées religieuses effectuées par Ahmed Abbadi dans la région de Murcie. Une présence tolérée par les autorités de Madrid qui considéraient Al Adl Wal Ihsane comme un double rempart : contre l'influence religieuse du Maroc et la propagation des mouvements islamistes radicaux.
Rachid Boutarbouch a été l'artisan de cette collaboration, couronnée en 2012 par l'accession de Mounir Benjelloun, un membre d'AWI, à la tête de la Fédération espagnole des entités religieuses islamiques (FEERI) à la place de feu Mohamed Hamed Ali, jugé par l'establishment espagnol trop proche des positions du Maroc, notamment sur les dossiers de Ceuta, Melila et sur le Sahara.