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Grand Angle  

Russia 2018 : VAR is bullshit !

Tant qu’à sortir de la compétition, autant le faire avec panache. Nordin Amrabat, encore lui, offrira le bilan de cette Coupe du monde - loin d’être finie - en seulement trois mots.

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Amrabat fixant Ramos droit dans les yeux sans complexe / DR
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«VAR is bullshit !». Une sentence lapidaire proclamée face caméra par l’increvable Nordin Amrabat. Ses compagnons d’infortune n’en pensent pas moins, tout comme le sélectionneur Hervé Renard. Une main de Gerard Piqué non sifflée, c’est déjà dur à digérer surtout quand l’arbitre ne cherche même pas à consulter le VAR (Video assistant referees). Que dire alors quand ce même arbitre acceptera in fine le but de Iago Aspas, limite hors-jeu et concédé sur un (faux) corner joué dans le sens opposé de sortie du ballon ?

L’injustice de cet VAR à géométrie variable avait déjà laissé un goût amer, lors du match contre le Portugal. A croire que le recours à la vidéo est réservé à quelques sélections privilégiées. Laissé à la discrétion de l’arbitre, le VAR est désormais au foot ce que le droit de véto est au Conseil de sécurité de l’ONU pour quelques happy few. Ainsi, les réclamations des joueurs et du sélectionneur marocains seront ignorés par l’arbitre, qui ne prendra pas la peine d’utiliser le VAR, mais qui acceptera de se déjuger ainsi que son arbitre de touche au profit de l’Espagne.

Cette innovation technologique devait initialement atténuer les conflits autour de l’arbitrage humain, en rendant les décisions assistées par vidéo, plus fiables, moins contestables. Pourtant son usage à la carte, en fonction de la pression réelle ou symbolique exercée sur l’arbitre, déclenche des polémiques encore plus violentes. L’usage du VAR constitue désormais l’arme fatale pour excuser les faiblesses de l’arbitre avec les «forts», tout en restant fort (sans VAR) avec les «faibles». Le sélectionneur de l’Iran, Carlos Queiroz, dit la même chose en commentant la faute de Cristiano Ronaldo.

Il y aurait bien une solution joker pour sauver l’intérêt du VAR : accorder à chaque match une réclamation pour chaque équipe afin de revisionner une action litigieuse. Mais cela se fera au prix d’un jeu encore plus saccadé.

Sans le VAR, on pouvait accepter le verdict de l’arbitre qui, sur une action, peut faire une erreur de jugement car humain. Mais lorsqu’il refuse de recourir au VAR sur des mains que les joueurs marocains ont vues, et utilise la technologie pour un but réclamé par l’Espagne, on est à la limite du casus belli. Le Maroc était d’ailleurs au bord de la rupture si ce n’était le sang froid de Hervé Renard, qui a calmé ses joueurs malgré l’injustice ressentie. 

La presse sportive espagnole reconnait que sans le VAR, l’Espagne concédait la défaite face au Maroc / DRLa presse sportive espagnole reconnait que sans le VAR, l’Espagne concédait la défaite face au Maroc / DR

Cœur de lion

Tant mieux, car cette équipe ne méritait pas de sortir de cette Coupe du monde, ni de sortir sur une fausse note. Les Lions ont montré du cœur, de l’abnégation, et une combativité de gladiateurs. Si nos Spartiates ont failli devant les Perses de Xerxès, ils ont failli créer la surprise face aux meilleures équipes d’Europe.

Il y a un an, un tel scénario était inconcevable pour de nombreux Marocains qui n'ont commencé à croire en l’étoile des Lions qu’à la veille du match qualificatif en Côte d’Ivoire. Hervé Renard et les joueurs ont dû subir les pires polémiques en l’espace de deux ans, puis une lune de miel qui aura duré 8 mois, et de nouvelles attaques dès la défaite concédée contre l’Iran. Que d’ingratitudes !

Heureusement, la majorité du public marocain qui n’est pas amnésique saura apprécier le travail accompli et les 40 places gagnées au classement FIFA. Ce Mountakhab aura su nous faire oublier le match raté contre l’Iran, dans un groupe où les quatre équipes se valent. Ce Mountakhab aura montré aux mauvaises langues que peu importe d’où l’ont vient, le nom que l’on porte, l’arabe que l’on parle un peu, beaucoup ou pas du tout, quand il s’agit de défendre les couleurs du maillot, ils combattent comme des Lions.

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