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Grand Angle

Incendie de Grenfell : La piste du «racisme institutionnel» prise en compte dans l’enquête ?

L'avocat des victimes et de leur proches affirment que les origines, la religion et la classe sociale, tout comme la piste du «racisme institutionnel», doivent être prises en compte par l'enquête menée par les autorités londoniennes pour établir la vérité dans l’incendie de la tour Grenfell de l’année dernière. Un drame ayant coûté la vie à 72 personnes dont des ressortissants d’origine marocaine.

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Des nuages de fumée s'échappent de la tour Grenfell ravagée par l'incendie l'année dernière. / Ph. PA
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Depuis plus d’une semaine, une audience publique se tient au Holborn Bars à Londres pour établir la vérité sur l’incendie qui avait eu lieu en juin 2017 dans la capitale britannique et coûté la vie à 72 personnes, dont des Marocains. Mardi, Imran Khan, un avocat qui représente une partie des survivants et des proches des victimes de ce drame, a créé la surprise, annonçant que l’enquête publique sur l'incendie doit prendre en compte le «racisme institutionnel», rapporte l’Associated Press et The Guardian.

Pour cet avocat, «les origines, la religion et la classe sociale» doivent être prises en considération en essayant de déterminer les circonstances entourant l'incendie, surtout que la tour abritait des «immigrés et des résidents de la classe ouvrière». «Le mandat de l'enquête devrait être étendu pour prendre en compte la contribution du racisme institutionnel», a déclaré Imran Khan lors d'une audition tenue mardi.

L’avocat fait référence à la Grenfell Tower Inquiry, soit l’audience publique lancée le 29 juin par la Première ministre britannique Theresa May et dirigée par le juge à la retraite Martin Moore-Bick. Une enquête visant à «établir les faits de ce qui s'est passé à la tour Grenfell afin de prendre les mesures nécessaires pour empêcher qu’une tragédie similaire se reproduise», a déclaré la Première ministre britannique.

Le 15 août dernier, le mandat de l'enquête a été annoncé et comprenait des grands axes sur lesquels l’audience publique enquêtera pour déterminer notamment la cause de l'incendie, la conception et la construction du bâtiment et comment ces deux seraient liées à la tragédie, entre autres.

Origine, classe sociale et religion

Toutefois,  Imran Khan estime que les termes de référence fixés par l'enquête sont insuffisants. Pour lui, les origines et la classe sociale doivent faire partie des facteurs examinés par les juges. Il a fait valoir qu'en ignorant ces deux facteurs, «la vie de milliers, voire de centaines de milliers de personnes appartenant à des communautés noires ou à des minorités ethniques et qui sont surreprésentées dans des immeubles à haut risque en Grande-Bretagne, sera mise en danger».

Danny Friedman, qui représente certaines familles des victimes de la tour Grenfell, a déclaré lors de l’audience que le bâtiment avait été transformé en un «piège mortel» par l'indifférence institutionnelle et sociétale. Il est allé jusqu’au point d’accuser le conseil de l'arrondissement royal de Kensington, le conseil de Chelsea et l'organisation de gestion des locataires de créer «un piège mortel en utilisant des fonds publics».

En effet, les experts engagés par l’audience publique ont fait état d'une rénovation en 2016, affirmant qu'elle avait ajouté «un revêtement extérieur inflammable à la tour, ce qui a aidé le feu à s'étendre d'un appartement aux quatre étage à d’autres étages avant d’englober tout le bâtiment», précise l’Associated Press. L'enquête devrait entendre les entreprises qui ont dirigé la rénovation et la gestion de la tour, souligne la même source.

Pour mémoire, dans un mémorial numérique, le journal britannique The Guardian a rendu hommage aux ressortissants marocains décédés dans l'incident tragique. L’occasion de rappeler que sur 72 victimes décédées à Grenfell, six étaient originaires du Maroc. «Le plus grand groupe autre que britannique (31 victimes) était marocain», précisait le média qui souligne aussi que la plupart des Marocains décédés étaient originaires de Larache, la ville portuaire de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

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