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Grand Angle

Italie : Nouveau gouvernement, nouvelle politique migratoire

Les mesures annoncées par le gouvernement de Giuseppe Conte, fraîchement désigné, prévoient de durcir la politique migratoire de l’Italie. L’exécutif sortant leur avait mâché la part du travail.

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Matteo Salvini, secrétaire général de la Ligue, qui compose une partie du gouvernement. DR
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Le remaniement qui s’opère actuellement dans le paysage politique italien, avec l’arrivée du nouveau Premier ministre Giuseppe Conte, apporte avec lui son lot de promesses populistes. A commencer par la politique migratoire que le gouvernement, formé par le Mouvement 5 étoiles (antisystème, euroscepticisme) et la Ligue (droite souverainiste), entend réformer en profondeur.

Les images de ces migrants échoués sur les côtes de Lampedusa, Matteo Salvini, chef de la Ligue, ne veut plus les voir. Sur le modèle du Front national en France, le secrétaire général de ce parti d’extrême droite a fait de l’immigration une thématique phare de sa campagne, pour ne pas dire son fer de lance.

Preuve en est des slogans qui ont émaillé les élections législatives, tels que «Stop à l’invasion», «Les Italiens d’abord». Matteo Salvini, qui brigue le ministère de l’Intérieur, crucial sur le front sécuritaire et migratoire, souhaite ainsi, «par la manière forte», expulser les 500 000 clandestins d’Italie, durcir les conditions d’asile, diminuer drastiquement le budget d’accueil et démanteler les camps de Roms, indique franceinfo.

Une partie du budget dédié aux expulsions

Un simple calcul suffit pourtant à se convaincre du côté surréaliste de ce chiffre. «Les expulsions massives promises – 100 000 par an – s’annoncent comme un défi délicat. Car au rythme actuel – 6 514 expulsions en 2017, selon le ministère de l’Intérieur –, cela prendra plus de 75 ans avant d’atteindre les 500 000 expulsions prévues par la Ligue», précise l’agence France-Presse (AFP), citant les médias italiens.

Autre chiffre grossi : 800 000, le nombre de «migrants que le gouvernement a laissé débarquer dans le pays», a asséné Matteo Salvini pendant la campagne. L’Organisation internationale des migrations (OIM) estime cependant à 115 000 le nombre de candidats à l’immigration clandestine que l’Italie a accueillis sur son sol, contre 180 000 en 2016.

Le contrat conclu entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue prévoit la création de nouveaux centres de rétention, l’Italie en comptant peu, et l’augmentation à 18 mois de la durée maximale de rétention. Les deux partis se sont également accordés sur le transfert, vers les expulsions, d’une partie des 4,2 milliards d’euros consacrés chaque année à l’accueil.

Si la politique migratoire du nouveau gouvernement italien s’annonce plus dure que celle de son prédécesseur (de centre-gauche), il semble que l’exécutif sortant lui ait pourtant déblayé le terrain. Marco Minniti, actuel ministre de l’Intérieur depuis décembre 2016, a réussi à diminuer significativement les arrivées de 80% depuis la mi-juillet, grâce à son réseau de contacts en Libye, précise l’AFP. Il a en effet signé des accords très controversés avec les autorités locales et des milices pour bloquer les migrants à Tripoli.

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