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L’autre récit de Mahjoub Salek #3 : «L’Algérie a armé le Polisario pour barrer la route à Kadhafi»

Dans cet entretien en épisodes, Yabiladi part à la rencontre de Mahjoub Salek, l’un des fondateurs du Polisario, qui évoque la création du Front, sa fuite des camps de Tindouf, puis la génèse de «Khat Achahid» en 2004.

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Mahjoub Salek, membre-fondateur du Polisario puis fondateur de Khat Achahid / Ph. Mehdi Moussahim (Yabiladi)
Temps de lecture: 4'

Après avoir été ouvertement soutenu par le colonel libyen Mouammar Kadhafi, le Polisario va compter sur Tripoli pour s’équiper en armement. Plus tard, son fondateur, Ouali Sayed, s’entretiendra à Alger avec l’ancien président algérien, Houari Boumediene. C’est ce que nous relate l’ancien membre-fondateur du Front Polisario et initiateur du mouvement «Khat Achahid», Mahjoub Salek, dans le troisième épisode de cet entretien hebdomadaire.

Dans un premier temps, Alger ne s’est effectivement pas engagée à armer le mouvement. C’est la raison qui a poussé Ouali Sayed à demander le soutien de Tripoli. Mahjoub Salek nous l’explique :

«Non seulement Mouammar Kadhafi était prêt à armer le Polisario, mais il voulait en faire un véritable noyau de révolution populaire contre tous les régimes du Maghreb. Ainsi, il avait déclaré à Ouali Sayed qu’il n’avait aucun inconvénient à s’engager en soutien au Front, mais que l’hégémonie de l’Algérie sur la région pouvait rendre les choses difficiles.»

Au cœur des rivalités régionales entre l’Algérie et la Libye

Le colonel libyen a tenté d’abord de faire passer les armes par le biais de Ghadamès, région frontalière avec la Tunisie et l’Algérie. Mais cette première manœuvre a été avortée, lors que la livraison a été interceptée par les autorités à Borj Mokhtar (sud d’Algérie). Les armes ont été saisies et Ouali Sayed a tenté de s’en procurer par le biais de la Guinée Bissau, alors secouée par une révolution contre la colonisation portugaise.

En revanche, la tentative a de nouveau été mise en échec au niveau du fleuve du Sénégal. Par la suite, «Ouali Sayed demandera à Mouammar Kadhafi de dissimuler les armes dans des colis diplomatiques et de les envoyer à bord d’un avion à destination de Nouakchott», nous explique encore Mahjoub Salek.

Le colonel libyen a redouté que cette livraison ne soit détournée en cours de route et qu’elle n’arrive tout simplement pas entre de bonnes mains, «la région étant embrasée par les conflits armés», rappelle Mahjoub Salek. C’est ce à quoi Ouali Sayed va rétorquer :

«Si vous êtes des révolutionnaires et que vous souhaitez libérer le Sahara, livrez-nous les armes et nous nous chargerons du reste.»

Après quoi, le chef de file du Polisario a reçu une première livraison d’armes, récupérée à l’ambassade de Libye à Nouakchott puis transportée au nord de Zouiate, où elle a été distribuée aux combattants. Dans ce sens, Mahjoub Salek se rappelle du 20 mai 1974, jour où «le Polisario a, pour la première fois, visé l’armée espagnole par des tirs la prenant de court, surtout que les soldats ibériques n’avaient jamais vu un matériel aussi sophistiqué chez leurs ennemis».

Aussitôt, l’Espagne a exprimé sa colère auprès de l’Algérie, pensant que cette dernière avait armé les hommes de Ouali Sayed, ce qu’Alger a nié. Lorsque Houari Boumediene a appris la nouvelle en se demandant comment le Polisario s’était procuré une telle quantité d’armements, il a décidé de convoquer le leader du Front.

L’Algérie reprend la main

«Atterri à Tindouf depuis l’aéroport de Boufarik, un avion l’a conduit à Alger où il a dormi à l’hôtel de Genève. Le lendemain à 10 heures, les deux hommes se sont rencontrés pour un entretien au Palais présidentiel», rappelle Mahjoub Salek.

«Avant même de s’installer, Houari Boumediene lui a posé la question sur la provenance des armes dont ses hommes étaient en possession», continue notre interlocuteur. Et d’ajouter :

«Le chef du Polisario lui a expliqué que nous faisons face à une force colonisatrice et que nous devions nous fournir en armement là où nous pourrions le trouver, quitte à s’allier avec le diable. Le président a donc affiché plus de retenue, se rappelant qu’il agissait ainsi pour libérer l’Algérie en acheminant des armes depuis le Caire. Il a proposé à Ouali Sayed de ne plus aller vers Kadhafi et qu’il se chargerait lui-même, en contrepartie, d’armer ses hommes et de mettre à leur disposition des camps d’entrainement.»

Grâce à cet appui, un premier groupe de combattants de l’armée de libération a été formé pour constituer, en février 1975, le noyau de l’armée sahraouie dont Mahjoub Salek a fait partie. «Nous étions 25 jeunes à avoir été entrainés en Algérie, où nous avions notamment appris à nous servir des armes.» En échange de ces servies, Boumediene n’osait rien demander au Polisario jusque-là, comme le souligne notre interlocuteur :

«Tant que Ouali Sayed était en vie, l’Algérie ne demandait aucune contrepartie car elle avait peur du chef du Polisario. Elle savait très bien que ce n’était pas quelqu’un à qui on donnait des ordres. Elle était également inquiète de l’hégémonie que pourrait avoir Kadhafi dans la région, si jamais Ouali Sayed faisait alliance avec lui.»

Une nouvelle feuille de route

Pour toutes ces raisons, l’ex-combattant explique qu’Alger «a tenté d’amadouer le Polisario afin qu’il ne soit pas soutenu par Kadhafi. Mais si Ouali Sayed n’avait pas d’abord demandé et eu des armes de Tripoli, l’Algérie n’aurait jamais soutenu le Front».

Quant au deuxième congrès du Polisario, tenu en 1974 dans le pays, Mahjoub Salek estime que son projet d’action ne ressemble pas à ce qui a été réalisé à long terme, mais qu’il a constitué une feuille de route pour les mois ayant suivi cette rencontre :

«C’était le premier et le dernier congrès démocratique qu’on aura vécu au sein du Front. C’était aussi le dernier qui aura connu la participation de feu Ouali Sayed. L’assemblée a vraiment travaillé sur un projet d’action nationale. L’objectif était de construire un Etat sahraoui populaire, où les citoyens participeraient activement.»

Si les choses ne se sont pas entièrement déroulées comme prévu, Mahjoub Salek indique que ce second congrès a permis de «clarifier les choses et d’avoir un grand rôle dans l’évolution que connaîtra la situation, jusqu’en août 1974…»

AL MASSIRA
Date : le 03 avril 2022 à 16h13
On peut faire une lecture première. Le Polisario en 1974 avant la Marche Verte et deux dirigeants algérien et libyen non coordonnés donc pas de complot. On se seraient trompés ? Et l'autre lecture. Deux révolutionnaires médiocres qui pensent réécrire l'Histoire de la région mais qui n'en ont pas les capacités ni les épaules car incapables et médiocres. On voit ce qu'ils ont laissé dans leur propres pays. Une région du Maroc encore colonisée par l'Espagne. Le Maroc use de la Politique. S'il réussit, le pays va devenir très fort et sera le "patron" de la région. On utilise alors ce qui est dans l'air du temps du temps, de la révolution et du tiers-mondisme. On trouve un mercenaire qui se bat avec un autre. On sort l'appellation du "peuple sahraoui" qui ne déborde pas en Algérie bien sûr. Pour faire court, on a juste oublié le génie d'en face et...la réalité de l'Histoire. La marocanité du Sahara. Le génie de Hassan 2 suivi de celui de son fils. Rien n'a eu raison d'eux, ni les crises économiques, ni les sommes astronomiques dépensées par ces ennemis bêtes er incapables. Au moment où ils avaient corrompu toute l'Afrique et réussi un miracle à ce niveau, le dossier est parti ailleurs où ils sont en train de s'y casser les dents aujourd'hui. Article intéressant pour connaitre certains détails de la magouille Kadhafo-Boukharroubienne.
AL MASSIRA
Date : le 03 avril 2021 à 21h39
C'était attendu. Il était violemment attaqué sur Algérie Patriotique très régulièrement car il était au Maroc. En tout cas une personne très lucide sur l'intérêt de son pays et la réalité du conflit. Bravo à lui et à son courage.
Citation
intelligentsia à écrit:
Bonsoir, désolé du HS : Amar Saadani a demandé l'asile politique au Maroc. Ancien SG du FLN, il avait reconnu que le Sahara est marocain. Cordialement.
intelligentsia
Date : le 03 avril 2021 à 21h19
Bonsoir, désolé du HS : Amar Saadani a demandé l'asile politique au Maroc. Ancien SG du FLN, il avait reconnu que le Sahara est marocain. Cordialement.
AL MASSIRA
Date : le 03 avril 2021 à 21h06
Je relis les commentaires d'il y a trois ans. Je reprendrais les remarques de Fatem95. Hassan 2 a géré une situation difficile dans les années 70 avec des ennemis arabes dans le voisinage (pas nécessité d'un dessin), des adversaires politiques en interne et une situation économique critique. Le soutien du peuple et son génie lui permettra de battre le médiocre Boukharrouba à plat de couture. Les années 80 étaient plus compliquées notamment avec une Algérie qui corrompt à tout va. Notamment à l'OUA. On connait la suite et le départ à l'ONU. Le personnage de l'article comme tous les polisariens est sans intérêt car il est factice. Aucune réalité politique ni historique derrière. Un mercenaire d'Alger et de Tripoli sans plus.
diss.is
Date : le 30 avril 2018 à 23h16
Le polisario exporte le mal de vivre des peuplades du Sahara et de leur culture guerrière un peu partout dans le monde. Un sahraoui ne sait pas comment battre les démons qui le ronge alors il va de pays en pays pour rivaliser sur son maître comme au Sahara marocain.
safranlxyxy
Date : le 30 avril 2018 à 17h17
Hassan II était un génie hors normes. Doué d'une très grande intelligence. Béni par dieu. Puisque la baraka était toujours avec lui.
FATEM95
Date : le 30 avril 2018 à 16h06
Quand on lit cette histoire, on se rend compte que: - Hassan II était dans la pire des situation. Il doit reprendre une partie de son territoire au colonisateur. Il a en interne une opposition farouche, prête à s'allier avec le diable. Ses voisins Arabes immédiats lui veulent le plus grand mal, voire pire. Il n'a pas les moyens économiques de faire face car juste après cet épisode on sera victime d'une longue période de sécheresse et d'une chute de cours des phosphates. La totale. - Cette période là il va la passer sans problème, à la surprise de tout le Monde, Giscard, Kissinger et les autres et à la fureur de Boukharrouba et le fou Kadhafi. C'est dans les années 80 qu'il a eu du mal à gérer. - Évidemment je pourrai faire dans la facilité et dire avec le recul il n'avait qu'à répondre favorablement aux étudiants qui étaient venus le voir, je pense en 73, avant de créer le Polisario. Et il n'y aurait pas eu de Polisario et donc pas d'affaire du Sahara. Eh non !! On ne refait pas l'Histoire. Boukharrouba avait un projet en tête et il aurait trouvé autre chose. Il était de la race des révolutionnaires mégalomanes qui n'avait pas les capacités de ses rêves. Il compensait sa médiocrité par des actes de dictature et de destruction.
moss_26176
Date : le 30 avril 2018 à 14h47
Quel est l'intérêt de nous raconter son histoire ? Surtout c'est celle d'une vision ennemi au pays. Pendant que ces gens s'activaient à la guerre, le Maroc n'avait d'autre choix que de s'activer pacifiquement, ne jamais oublier que l'Espagne est un pays voisin qu'il ne fallait pas fâcher, étant donné que l'Algérie nous était déjà hostile. Et ma foi cela a bien réussi, d'une part le Sahara est nous, et d'autre part le voisin espagnol est devenu un partenaire majeur, Hassan II a eu raison sur coup là, mais par la suite il a merdé en acceptant de soumettre le problème à l'ONU.
Dernière modification le 03/04/2022 16:13
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