Yabiladies : Comment avez-vous été amenée à recourir à la production textile marocaine pour votre marque ?
Rachida Aziz : J’ai commencé dans la mode il y a trois ans et depuis deux ans j’ai ma propre boutique, à Bruxelles. Mon travail a eu beaucoup de succès dès le départ. Du coup, depuis le début, j’ai des problèmes pour répondre à la demande. C’est d’autant moins évident de trouver que je veux replacer le corps et le vêtement dans une problématique éthique. Je cherchais donc un nouvel atelier de confection. En tant que Belgo-marocaine, j’ai finalement trouvé l’atelier que je cherchais au Maroc.
Qu’est ce qu’un atelier de production « éthique » dans la mode ?
Je suis très exigeante sur la production. En Belgique, j’ai recour à un atelier de réinsertion socio-économique. Mes relations avec mes fournisseurs relèvent du commerce équitable. J’utilise aussi des fibres biologiques pour mes vêtements. Au Maroc, je fais réaliser mes vêtements dans un atelier de confection qui emploie des femmes mères célibataires. Je l’ai trouvé en m’adressant à ces femmes elles-mêmes qui m’ont guidée vers un chef d’atelier.
Si vous produisez aussi au Maroc, vous ne vendez que dans votre unique boutique bruxelloise. Pensez-vous réaliser des ventes via internet ?
Il est prévu que le site commercial de ma marque offre cette possibilité, mais je veux aussi lancer un site éthique : «ethical design for body and mind». Beaucoup de gens sont préoccupés par les questions éthiques dans leur quotidien, mais ils ne savent pas où chercher l’information. Je veux centraliser toutes les informations relatives aux démarches éthiques : des informations conso, des astuces, des news culturelles... Je veux donner une plateforme à ces préoccupations
Le style de vos vêtements fait-il aussi écho à votre démarche éthique globale ?
Je cherche à montrer que la liberté n’est pas antinomique avec l’éthique. On ne doit pas imposer aux femmes de montrer ou de ne pas montrer leurs corps. Je fais des vêtements qui permettent, même avec une seule tenue, de montrer plus ou moins son corps, grâce à un jeu de couches et de superpositions. Selon les lieux et les moments de la journée, une même femme peut avoir envie de ne pas montrer son corps puis de le découvrir. Je réalise des pièces modulables qui peuvent avoir plusieurs usages différents. Je travaille aussi avec l’ampleur des vêtements en éloignant le tissu ou en le rapprochant des lignes du corps.
Cet article a été précédemment publié dans Yabiladi Mag n°8