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Grand Angle

En Suisse, les musulmans concentrent les tensions sociales

D’après une enquête l’Office fédéral de la statistique, les fidèles musulmans suscitent plus d’hostilité auprès de la population que les juifs. L’hostilité envers eux reste cependant moins forte que la défiance envers l’islam.

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Photo d'illustration. / DR
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La tolérance suisse à géométrie variable ? Il semblerait que oui, selon les premiers résultats de l’enquête sur le vivre ensemble en Suisse, publiée ce mardi par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et relayée par le quotidien 20 minutes. Premier constat : en 2016, 36% de la population indique pouvoir être dérangée par la présence de personnes perçues comme différentes, en raison par exemple de leur nationalité, de leur religion ou de leur couleur de peau.

Un chiffre tempéré par un autre constat : «la population fait globalement preuve de tolérance». La majorité des Suisses se prononce effectivement en faveur de l’octroi de plus de droits aux étrangers. Plus précisément, 64% des personnes sont contre le renvoi des ressortissants étrangers en cas de raréfaction des emplois, 60% sont favorables au regroupement familial et 56% acceptent l’idée d'une naturalisation automatique de la 2e génération.  De même, 65% des sondés ne pensent pas que les étrangers sont à l’origine d’un climat d’insécurité dans la rue et 68% réfutent l’idée que ces derniers seraient responsables de potentielles hausses du chômage.

Plus ou moins d’ouverture en fonction des groupes…

Des chiffres ternis par une réalité parallèle : 36% de la population indique pouvoir être dérangée par la présence de personnes perçues comme différentes. Un sentiment dont l’intensité varie selon l’origine du dérangement : 6% de la population se déclare dérangée au quotidien par une personne ayant une couleur de peau ou une nationalité différente, 10% par une religion différente et 12% par des langues différentes. En outre, 21% se dit gênée par la présence de personnes ayant un mode de vie non sédentaire. «Une analyse selon les contextes montre que, toutes causes confondues, c'est dans le cadre du travail et de la vie professionnelle que les personnes sont le plus susceptibles d'être dérangées», remarque l’OFS.

En fonction des groupes auxquels elle fait face, la population suisse fait preuve de plus ou moins de tolérance. «Parmi les trois groupes étudiés dans l’enquête, c’est autour des musulmans que se cristallisent les plus fortes tensions sociales», relève effectivement l’Office.

Lorsque des caractéristiques négatives sont présentées, 17% des répondants estiment que celles-ci s’appliquent aux musulmans ; ce taux plafonne à 12% chez les juifs et 4% chez les personnes noires. Les taux d’hostilité sont à 14% vis-à-vis des musulmans, 10% pour les personnes noires et 8% pour les juifs.

L’OFS établit toutefois une différence entre l’islam et les musulmans : dans leur cas, l’hostilité envers eux reste moins forte que la défiance envers l’islam, qui s'élève en 2016 à 33%.

…mais une large reconnaissance du racisme comme problème social

Enfin, en 2016, 66% des Suisses considèrent que le racisme est «un problème social important». La majorité estime que les mesures prises par différents acteurs dans les domaines de la lutte contre la discrimination raciale et de l'intégration «répondent aux besoins actuels». Ceci dit, entre 29% et 34% pensent qu’elles sont insuffisantes ou lacunaires.

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