Il fait grand bruit, sans donner de fruits. L’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne ne serait pas bénéfique, à en croire un rapport confidentiel commandité par la Commission européenne : «aucune des deux parties contractantes n’aurait bénéficié de substantiels retours, en l’occurrence au profit du contribuable européen» souligne l’organisme français Oceanic Développement auteur d'un rapport sur cet accord.
Surexploitation…
Côté marocain, les dommages sont d’ordre environnemental : «les captures opérées par les 100 bateaux européens auraient contribué à la surexploitation des stocks naturels halieutiques marocains», précise le document. Les bateaux européens capturent environ 44 000 tonnes de poissons par an, principalement des sardines. Cette cadence, si elle est maintenue, pourrait nuire considérablement aux ressources halieutiques du royaume. Cette quantité reste toutefois marginale, dans les 13 millions de tonnes consommées annuellement en Europe.
… pertes financières
A la surexploitation des ressources halieutiques du Maroc, s’ajoutent les pertes financières pour l’Union européenne : «chaque euro dépensé par l'UE dans le cadre de cet accord ne génèrerait que 83 centimes de chiffre d’affaires». Or, l’UE verse annuellement quelques 36 millions d’euros au Maroc dans le cadre de cet accord de pêche en vigueur depuis 2007 et récemment prolongé jusqu’en 2015. Seuls 170 nouveaux emplois ont été créés par l’accord, en Europe.
Au Parlement européen, rapporte Reuters, on commence à s’interroger sur l’avenir de ce contrat. Le président de la Commission de la pêche, Carmen Fraga, également député du parti populaire espagnol avait soutenu l’accord dans le passé, mais à présent, il trouve nécessaire «de voir si l’accord sera renouvelé dans sa forme actuelle». L’Espagne, principale bénéficiaire de l’accord, n’entend pas perdre ses avantages. L’écrasante majorité des navires européens autorisés à pêcher au Maroc sont espagnols. Si les pertes sont européennes, les bénéfices sont espagnols.