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Grand Angle

Les raisons de la crise silencieuse entre le Maroc et l'Espagne

Tension sourde entre le Maroc et l’Espagne. Motif : la décision marocaine d’intégrer le Sahara dans ses eaux territoriales aurait provoquer des grincements de dents à Madrid, auprès du gouvernement mais également au sein de l’armée.

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Les rois Felipe VI et Mohammed VI à Rabat / Archive - DR
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Les relations maroco-espagnoles traversent une mauvaise passe. «Pour l’instant nous sommes au stade de la crise silencieuse», nous confie une source proche du dossier.

«En cause la décision prise, le 7 juillet, par le gouvernement marocain d’intégrer l’espace maritime du Sahara dans ses eaux territoriales. Certes officiellement le gouvernement Rajoy n’a pas encore manifesté son opposition contre la mesure mais il y a des signaux qui ne trompent pas», souligne-t-elle.

«Il est rare de tomber sur une crises déclarée entre les deux pays, comme celle de l’ilôt Leila de 2002. D’habitude, les tensions s’expriment officieusement. Ainsi, la mobilisation de Podemos contre la décision du cabinet El Othmani et en faveur du "Hirak" n’est pas innocente», explique notre interlocuteur.

Le Maroc a des cartes pour défendre ses intérêts

«A cela s’ajoute le message de remerciement de José Maria Aznar, publié le 20 juillet, à l’armée espagnole pour la "récupération", selon ses dires, de l’ilôt Leila. Un message accompagné par la diffusion par la revue «Interviú» d’une vidéo qualifiée d’ "inédite" sur le déroulement de l’opération et l’arrestation de six membres des Forces auxiliaires», ajoute-il.

Ces tensions devraient se prolonger. Le 9 septembre prochain, à Ceuta, la ministre de la Défense et la reine Sofia, la mère de Felipe VI, présideront une cérémonie militaire.

«Dans ce face-à-face, le Maroc a entre ses mains des leviers qui devraient lui permettre de défendre ses intérêts stratégiques, telle la coopération contre l’immigration clandestine ou l’accord de pêche qui profite d'abord aux pêcheurs espagnols. Deux cartes non-négligeables», explique la même source. Sur le premier volet, plusieurs voix ont pointé un certain «relâchement du Maroc dans la gestion des flux migratoires irréguliers» aux portes des enclaves espagnoles en territoire marocain. 

Pour l’instant donc la confrontation entre l’Espagne et le Maroc s’effectue à fleuret moucheté. «Néanmoins l’escalade est somme toute prévisible, notamment si le Maroc ne fléchit pas sur sa décision d’intégrer l’espace maritime du Sahara dans ses eaux nationales. Et d'éviter de reproduire la même erreur, d’il y a quatre ou cinq ans, lorsqu'il avait reporté la construction à Tan-Tan, en face des Iles Canaries, d’une station de dessalement d'eau par l’énergie nucléaire (ndlr : qui aurait été confiée à la Chine) après des pressions de l’Espagne», conclut-elle.

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