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Grand Angle

Diagnostic : L’OCDE met en exergue les talons d'Achille du développement du royaume

Le centre de développement de l’Organisme de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté la première partie de l’Examen multidimensionnel concernant le Maroc. Trois contraintes entravent le développement du royaume. Détails.

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En zone rurale, moins d’une fille sur quatre inscrite au collège. / Ph. Benzaken
Temps de lecture: 3'

Le centre de développement de l’Organisme de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté ce mardi le premier volume de l’Examen multidimensionnel du Maroc. Une étude éditée en collaboration avec le gouvernement du royaume. D’ailleurs, le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani a même présidé la cérémonie de présentation à Rabat comme l’indique un communiqué de presse de l’organisation mondiale basée à Paris.

Premier produit de cet examen, ce premier volume présente un état des lieux des diagnostics de développement et identifie les obstacles-clés au développement du royaume, précise la même source. Objectif : «soutenir les décideurs politiques marocains dans l’élaboration de stratégies appropriées visant à accélérer le développement du pays».

Le Maroc ambitionne depuis les années 90 à devenir une économie émergente et s’est engagé dans une trajectoire de développement stable. Cependant, le diagnostic de l’OCDE permet de mettre en exergue trois contraintes, «intimement liées» et qui constituent des talons d'Achille pour le royaume.

58% des Marocains sont scolarisés au niveau du collège

Tout d’abord, l’OCDE cite le défi que représente la formation de compétences ; ensuite la difficulté économique à développer des secteurs «dynamiques et compétitifs à l’international» qui génèrent de l’emploi pour tirer vers le haut le reste de l’économie ; enfin, le manque de cohérence entre les politiques sectorielles pour permettre à l’action publique d’agir efficacement. Ces trois leviers identifiés sont les contraintes principales à l’accélération du développement du Maroc.

Le capital humain dans le royaume connaît un retard important pénalisant la productivité du travail. Plusieurs indicateurs le prouvent. Au cycle primaire, l’accès à l’éducation est «impacté par différentes inégalités territoriales, socioéconomiques et du genre», lit-on dans ce diagnostic. En chiffres, les différences apparaissent plus clairement : 58% des Marocains sont scolarisés au niveau du collège tandis qu’en Turquie, le taux approche les 90%. En zone rurale, les filles souffrent de leur non scolarisation puisque moins d’une fille sur quatre est inscrite au collège.

La qualité de l’enseignement représente un défi majeur pour l’apprentissage des compétences de base dans un pays où le taux d’analphabétisme touche 32% des Marocains. D’autre part, moins de cinq élèves sur 100 obtiennent leur baccalauréat sans redoublement.

L’Examen multidimensionnel indique par ailleurs qu’il existe un manque de concordance entre les besoins du marché du travail et la formation des compétences. D’ailleurs, il en résulte un handicap important dans la création d’emplois de qualité et une entrave à la croissance du Maroc. Le chômage est un fléau important dans le pays, puisque moins de la moitié de la population en âge de travail dispose d’un travail, 22% sont des femmes.

Des politiques publiques sectorielles qui manquent de cohérences

Le royaume ne joue pas sur les atouts de compétitivité dont il dispose puisqu’il ne parvient pas à développer les secteurs moteurs pour la croissance économique et pour la création d’emplois. Toutefois, l’OCDE souligne le succès des filières de l’automobile et l’aéronautique dans le pays qui dispose, selon l’organisation, d’une croissance voisinant «5% par an». Quant aux affaires, la compétitivité du secteur privé est obstruée par la corruption, la difficulté de trouver des sources de financement et la forte présence du secteur informel.

La troisième contrainte majeure que connaît le royaume - et qui empêche son rayonnement au niveau international - concerne les politiques publiques sectorielles. Des politiques qui doivent être réformées en profondeur au niveau structurel. En effet, l’OCDE estime que ces feuilles de route manquent de cohérences entre elles, tant au niveau des objectifs que concernant la mise en œuvre et sont «élaborées en silos avec des mécanismes de coordination défaillants». L’organisation basée à Paris ajoute que «le Maroc a besoin d’un document de politique générale du développement».

Si les contraintes qui obstruent l’essor du développement marocain ont fait l’objet d’une première partie, la deuxième phase de l’Examen multidimensionnel fournira, quant à elle, des recommandations d’orientation des politiques publiques pour chacune des trois contraintes identifiées», conclut le communiqué.

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