Menu

Grand Angle

Jardins de la Moulouya : Le chantier n’est toujours pas fini

Des centaines d’acheteurs MRE attendent toujours la livraison de leur appartement par Addoha, dans le cadre du projet «Les Jardins de la Moulouya», à Saïdia. Ils se battent également désormais pour obtenir des indemnités de retard substantielles. Retour sur 10 ans d’attente.

Publié
Chantier des Jardins de la Moulouya (archive) / Ph. Yabiladi.com
Temps de lecture: 3'

L’interminable attente des acheteurs MRE d’appartements dans le complexe «Les Jardins de la Moulouya», sur la plage de Saïdia, se prolonge encore. «Les engagements pris par Addoha, devant M. le ministre de l’Habitat, durant le SMAP Immo 2016 n’ont pas été tenus. Je suis très déçu. Plusieurs centaines de personnes attendent toujours qu’Addoha leur livre leur appartement ou leur accorde une véritable indemnité », déclare Youssef Mohsine, président de l’Association des victimes de l’immobilier Marocain (AVIM).

L’affaire remonte à 2006, quand Urbatlas, l’une des filiale de Groupe Fadesa Maroc (GFM), elle-même filiale de l’un des plus grand groupe immobilier espagnol Fadesa, lance le projet «Le jardins de la Moulouya». Elle vend sur plan 3062 appartements dont une grande partie à des Marocains résidant en France. Ils sont encore confiants quand la crise financière et économique mondiale de 2008 fait brutalement éclater la bulle immobilière en Espagne. Cet été-là, Fadesa Maroc dépose le bilan, mais malgré les difficultés de l’Espagnol, ou à cause d’elles, Addoha, premier promoteur immobilier du Royaume, rachète une partie de GFM.

«A partir de 2011, Fadesa a ‘disparu’ du Maroc, résume l’un des directeurs d’Addoha. Il nous avait affirmé que tout avaient été vendu et fini aux «Jardins de la Moulouya», mais en réalité rien n’était fini. Nous avons dû trouver des solutions et nous avons subi 2 millions de dirhams de perte.» Dans le contexte, les travaux du complexe sont suspendus. «Nous avons préféré prioriser la station balnéaire de Saïdia - la première station du Plan Azur [pour le développement du tourisme balnéaire au Maroc, ndlr]. Nous ne pouvions pas le rater. L’image du Maroc en dépendait. Une équipe de Sa Majesté était sur place pour suivre jour après jour l’avancée du projet. C’étaient 714 hectares, rien à voir avec 3000 logements», expliquait Fatima-Zahra Lahlou, en janvier 2013.

Première négociation

Les acheteurs MRE lésés ont commencé à se faire entendre en 2012 à travers l’Association de Citoyens d’Ici et d’Ailleurs (ACIA). Une succession de rencontres ont eu lieu avec des représentants du groupe immobilier. Fin 2013, ACIA cesse de faire appel à la presse. Les acheteurs semblent avoir été entendus et satisfaits. Deux ans plus tard, cependant, une nouvelle association - AVIM - prend le relai et interpelle directement le ministre de l’Habitat, Nabil Benabdellah durant le SMAP Immo 2015 : 10 ans après leur lancement, les Jardins de la Moulouya ne sont toujours pas finis. AVIM obtient alors la signature d’une entente et des promesses de la part d’Addoha.

«Aujourd’hui, plusieurs centaines d’acheteurs n’ont toujours pas reçu leur appartement, malgré les promesses d’Addoha ce jour-là, durant le SMAP Immo», insiste Youssef Mohcine. «Le chantier avance sans problème ainsi que les livraisons, assure au contraire Anas Sefrioui. Sur les 3062 unités du projet, 2300 ont été livrées. Restent 758 unités dont 300 sont prêtes depuis plus d’une année mais n’ont pas été livrées à leurs futurs propriétaires parce que les acheteurs n’ont pas fini de les payer. Ils cherchent à obtenir des réductions», rétorque-t-il.

Problème des indemnités

Au-delà de la question de la livraison des appartements - l’un des directeurs d’Addoha assure que les 400 restantes seront livrées dans les 6 prochains mois - celle des indemnités est désormais problématique. Au nom du retard de livraison, les acheteurs attendent du promoteur qu’il revoit le prix des appartements à la baisse. Il y consent, mais encore faut-il parvenir à se mettre d’accord.

«Quand les acheteurs des Jardins de la Moulouya ont signé leurs contrats d’achat, en 2006 et 2007, aucune pénalité de retard n’était prévue dans les contrats si le promoteur ne respectait pas les délais de deux ans qu’il annonçait. La nouvelle loi Vente en Etat Futur d’Achèvement (VEFA) qui prévoit justement des pénalités en cas de retard n’a été promulguée qu’en février 2016», rappelle Youssef Mohcine.

Cette loi prévoit une pénalité maximale de 10% de la valeur du bien par année de retard. Pour un appartement de 400 000 dirhams, par exemple, la pénalité maximale serait de 280 000 dirhams pour 7 ans de retard. «Personnellement, j’ai été contraint d’accepter un appartement de substitution et seulement 20 000 dirhams d’indemnité», regrette Youssef Mohcine.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com