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Interview

Salaheddine Mezouar à Bonn pour réaffirmer l'engagement du Maroc pour l'Afrique et le climat [Interview]

Le Maroc a été élu, jeudi à Bonn, coprésident du comité de Paris sur le renforcement des capacités en matière du climat aux côtés de la Finlande. Une consécration pour le rôle de premier plan joué par le Royaume dans l’organisation mondiale de la lutte contre les changements climatiques. Salaheddine Mezouar, Président de la COP22, se veut volontariste et optimiste : «le message du Maroc est un message d'encouragement avec un rappel fort des engagements». Interview.

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Salaheddine Mezouar, Président de la COP22, le 7 novembre 2016 à Marrakech. / Ph. AFP
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A Bonn où sont réunis les délégués des pays pour travailler sur les engagements en faveur du climat, on s'interroge sur l'avenir de l'Accord de Paris. L'administration Trump souhaite revoir son engagement, à l'heure où la protection du climat semble reléguée derrière d'autres priorités mondiales. Pourtant, jamais les changements climatiques n'ont été aussi visibles avec notamment la sécheresse frappant plusieurs pays d'Afrique provoquant des famines au sein des populations. Mais, malgré tous ces nuages qui assombrissent le ciel de Bonn, Salaheddine Mezouar, Président de la COP22, reste optimiste.

Yabiladi : Le Maroc est à Bonn en tant que président de la COP22. Quel est le principal message que vous portez ?

L'objectif du Maroc en tant que président de la COP22 à Bonn est de préserver la dynamique enclenchée lord de la COP à Marrakech et rapprocher les points de vue. Cela consiste notamment à faire le suivi des accords et établir une feuille de route. En résumé, nous souhaitons passer de la dimension «négociation» à la dimension «action».

Aujourd'hui, les enjeux principaux sont le financement et le renforcement des capacités pour parvenir à l'application de l'accord de Paris par l'ensemble des pays, notamment ceux en voie de développement.

La COP22 a été placée sous le signe de l'Afrique. A l'heure où la sécheresse frappe le continent et des famines touchent les populations, l'Afrique est-elle encore au centre des préoccupations ?

En effet, le rôle du Maroc est également celui de la mise en avant de l'Afrique dans les enjeux climatiques. La COP22 a aussi été la COP de l'Afrique, comme la COP23 sera celle des pays insulaires. Le Maroc a ainsi travaillé avec les pays africains pour structurer les priorités. Cela a été notamment mis en exergue lors du Sommet africain de l'action en marge de la COP de Marrakech. Pour rappel, 3 axes forts ont été mis en avant : La Commission du Sahel, présidée par le Niger et qui a priorisé les projets dans la région, la Commission fleuve Congo, présidée par le Congo, avec l'identification des projets et l'élaboration du Fonds Bleu et la Commission Etats insulaires africains présidée par les Seychelles, qui a élaboré un plan d'actions.

Je souhaite souligner que le savoir-faire du Maroc a été reconnu par l'ensemble des pays africains. La COP22 ne doit pas être une COP de transition. Nous devons éviter tout relâchement pour parvenir à un programme de travail pour la période allant jusqu’à 2020. C'est un enjeu vital pour l'Afrique et pour la planète.

Quel est l'avenir de l’Accords de Paris avec le risque de blocage de Washington et l'administration Trump ?

Nous sommes dans un moment délicat où deux camps s'opposent aux Etats-Unis. Celui qui souhaite prioriser le développement économique et industriel des Etats-Unis avec une place plus grande pour le charbon par exemple. Disons-le sans ambages : il y a des lobbys qui ont des intérêts en ce sens. Mais il y a aussi l'autre camp qui reste attaché aux engagements pris en faveur de la protection du climat à l'instar de l'opinion publique aux Etats-Unis. N'oublions pas que 140 Etats ainsi que 300 villes sont d'ores et déjà engagés dans des programmes en ce sens.

Vous préférez donc rester optimiste...

Ecoutez, le Maroc est une présidence qui rassure. C'est d'ailleurs pourquoi le royaume a été nommé coprésident du Comité de Paris. Nous devons maintenir l'engagement vers l'action et non s'enliser dans des discussions autour de concessions et du recul des engagements.

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