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Grand Angle

Autoentrepreneuriat : Les victimes de «Moukawalati» montent au créneau contre Mohamed Yatim

Lancé en 2006, le programme gouvernemental «Moukawalati» visait à créer plus de 30 000 entreprises et soutenir financièrement les autoentrepreneurs. Aujourd’hui, elles sont quelque 4 000 victimes à dénoncer un échec flagrant du projet au lendemain du passage du ministre actuel de l’Emploi et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim, au Parlement. Détails.

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Photo d'illustration. / DR
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Créer de l’emploi en vue de baisser le chômage, telle était l’ambition première en 2006 de Mustapha Mansouri, alors ministre de l'Emploi, lorsqu’il initie le programme gouvernemental «Moukawalati». Presque 11 ans après, le projet semble être au point mort et essuie vraisemblablement un échec. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les victimes directes de ce projet se sont constituées en coordination afin de dénoncer ces résultats.

S’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes de 2011, les victimes affirment aujourd’hui que l’échec est dû «au non-respect des promesses des parties responsables et l’absence d’accompagnement dans [leur] projet», selon un communiqué de la Coordination des autoentrepreneurs du programme «Moukawalati», parvenu à Yabiladi. Ces porteurs de projets réagissent au dernier passage du ministre actuel de l’Emploi et de l’insertion professionnelle. Pour eux, Mohamed Yatim se dédouane de toute responsabilité tandis que sous le gouvernement Benkirane II (2013-2017), l’ex-ministre Abdeslam Seddiki avait très bien responsabilisé le gouvernement, sans citer les autoentrepreneurs dans ce dossier.

Les autoentrepreneurs accusent ainsi Mohamed Yatim de «donner de fausses informations», l’accusant de ne pas connaître assez le dossier. Ils exhortent, encore une fois, les responsables politiques à ouvrir une enquête transparente pour élucider l’échec dudit programme. Autre revendication scandée depuis plusieurs années : l’arrêt des poursuites judiciaires engrangées par les établissements bancaires de crédit à l’encontre des bénéficiaires de «Moukawalati».

D’ailleurs, ils rappellent aussi que sur les 4 000 victimes, 800 d’entre elles sont incarcérées à l’heure actuelle. Des victimes dépassées et qui critiquent le silence des responsables qui ne cessent, selon eux, de se jeter la balle.

Les victimes sont les seules responsables selon Mohamed Yatim

Le ministre de l’Emploi et de l’insertion professionnelle répondait hier à une question orale relative au dossier du programme «Moukawalati». «Le programme a connu beaucoup de difficultés quant à son application. Des difficultés essentiellement expliquées par le nombre élevé de création de sociétés», soutient le ministre. Ce qui aurait provoqué, d’après lui, une recrudescence des problèmes notamment juridiques auprès des banques qui ont financé les projets. Effectivement, le programme s’appuyait d’une part sur une convention signée en 2005 permettant la mise en place d’un fonds géré par la Caisse centrale des garanties (CCG) pouvant financer à hauteur de 10% le projet du bénéficiaire. D’autre part, les 90% restant étaient à la charge de la banque qui soutenait l’autoentrepreneur.

Mohamed Yatim a assuré que la non-réussite de cette feuille de route ne tient «ni de la responsabilité du ministère, ni de l’agence nationale pour l’emploi ni de la Caisse centrale de garantie, qui ne peuvent en aucun cas intervenir dans la signature d’un crédit entre la banque et l’autoentrepreneur». «Les poursuites ont été engagées pour le non-respect des bénéficiaires de leurs obligations contractuelles notamment dans le paiement de leur crédit. Les banques ont donc été obligées de saisir la justice et inculper ces personnes surtout celles ayant gagé leur bien ou gaspillé les fonds et ceci conformément à la législation», a-t-il soutenu. Et le nouveau ministre de rappeler que les condamnations peuvent «aller jusqu’à la prison ferme».

Après la réaction de la Coordination des victimes au lendemain des déclarations tenues par le ministre de l’Emploi et de l’insertion professionnelle, la tension risque de monter d’un cran entre les autoentrepreneurs de «Moukawalati» et le département de Mohamed Yatim. Des formes de protestation restent envisageables par les victimes dans les prochains jours.

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