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Grand Angle

L’affaire Merdas relance les soupçons sur la collusion entre politiques et trafiquants de drogue

Au Maroc, entre la politique et le trafic de drogue, c’est l’entente secrète qui prévaut. Une relation tenue à l’écart des investigations de la justice. Il arrive toutefois que la relation sorte accidentellement de l'ombre pour être étalée sur la place publique. Preuve en est de l'assassinat du député Merdas. 

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L’affaire Merdas relance les soupçons sur la collusion entre politiques et trafiquants de drogue. / Ph. AIC PRESS
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L’assassinat du député de l’Union constitutionnelle (UC), Abdellatif Merdas, relance les soupçons sur la connivence entre politiques et trafiquants de drogue. La piste de ce commerce illicite commence à être privilégiée par les enquêteurs, notamment après la libération d'un premier suspect. Dès le départ, le mode opératoire - des balles tirées sur la tête - a laissé entendre que des professionnels étaient derrière la gâchette, et non un frère soucieux de venger l’honneur de sa sœur.

En attendant les conclusions des investigations, le meurtre du parlementaire pourrait être l'un des rares cas avérés par des preuves à l’appui, où des politiques ont été impliqués dans des affaires de trafic de drogue. Avant le député de Ben Ahmed, c’est Saïd Chaou, un ancien député du PAM et du PPS, qui tenait le haut du pavé. Il avait réussi à fuir le Maroc en 2010 pour trouver refuge aux Pays-Bas juste après le démantèlement du réseau du baron de la drogue, Najib Zaïmi.

Juste la face visible de l’iceberg

En février 2009, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) annonçait dans un communiqué l’arrestation de Mohamed Jaouhari, un ex-député du RNI, dans le cadre d’une enquête sur une bande criminelle de trafic de drogues dures. Plus récemment, le Conseil constitutionnel a annulé le 19 janvier l’élection de Redouane Mouhaddab (UC) aux législatives du 7 octobre. La justice avait auparavant condamné, en appel, l’ancien député à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 13 millions de dirhams pour son implication dans une affaire de drogue dures.

A quelques mois des premières législatives de 2002 - les premières sous l'ère Mohammed VI -, le ministère de l’Intérieur avait essayé de convaincre des élus de la région Nord de ne pas se présenter au scrutin. La liste comprenait des députés de partis de la majorité gouvernementale. Cinq ans plus tard, certains parmi eux effectuaient pourtant un retour triomphal sur la scène politique, arrachant des sièges à la Chambre des conseillers ou à la Chambre des représentants.

Les recommandations de l’Intérieur ont été vite oubliées. Les partis politiques n’avaient pas hésité à placer comme mandataires de listes des personnes aux relents cannabiques, mais qui n’avaient pas été condamnées par le passé pour trafic de drogue. Légalement, ils sont habilités à prendre part aux élections. La balle est plus que jamais dans le camp de la justice.

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