Menu

Grand Angle  

Qui sont les nouveaux talents féminins de la musique urbaine au Maroc ?

Leur musique est jeune, composite et universelle. Ces artistes marocaines, jeunes espoirs de la musique urbaine, sont devenues ambassadrices d’une culture qui se mêle à toute oreille. Leur présence a égayé la nouvelle scène musicale qui a émergé au début des années 2000, laquelle est cependant restée majoritairement masculine.

Publié
Oum El Ghaït Benessahraoui, dite Oum, est une auteure-compositrice-interprète marocaine. / DR
Soultana, rappeuse casablancaise. / DR
Asmaa Hamzaoui est artiste gnaouie. / DR

Lorsqu’on parle des nouvelles voix de la chanson marocaine, on pense souvent à Bigg, Lmoutcho, Haoussa, Fnaire ou encore Mouslim… Pourtant, le répertoire de la musique traditionnelle marocaine a toujours été paritaire entre les deux genres. De l’aïta au chaâbi, de la chanson classique à la musique andalouse, amazighe et hassanie, les voix féminines et masculines font l’unanimité.

Naître au Maroc garantit à tout esprit une culture hétéroclite : point d’arrogance ici, mais une constatation, presque une évidence. Lorsque se joint à l’esprit une voix mélodieuse, les ingrédients de base sont prêts à donner naissance à une musique des plus parfumées. La musique urbaine, avec toutes ses composantes, a vu briller des chanteuses autant dans l’univers du rap et du reggae que dans celui de la soul, du hip-hop ou de la pop… Un florilège pour (re)découvrir les nouvelles gorges dorées sur le devant de la scène musicale féminine du royaume.

Oum, l’explosion des sens

Ecouter Oum, c’est entrer sans ambages dans le vif du sujet : ses chansons mêlent les influences hassani, jazz, gospel, soul, afrobeat et musique soufie, soit la définition la plus adéquate de la musique urbaine d’origine marocaine.

A 38 ans, la chanteuse née à Casablanca a tout appris seule. Dans une interview accordée à Onorient, elle explique que pendant sa jeunesse, elle n’avait jamais imaginé faire de la musique son métier, ne trouvant pas d’idole de son âge dans le Maroc des années 90. «Même aujourd’hui, ce n’est pas facile, c’est la vérité», croit-elle savoir. Autodidacte en musique, elle a étudié au sein de la prestigieuse Ecole nationale d’architecture de Rabat.

Son dernier album, «Zarabi» (tapis, en français), sorti en 2015, a affiné son identité musicale qui se veut aujourd’hui évolutive car, chanson après chanson, l’auditeur plonge à la fois dans des sauces nationales et étrangères. D’ailleurs, les tournées d’Oum ont permis à la crème du raffinement musical de s’affranchir des frontières du pays.

Rap : Tigresse Flow et Soultana

Tigresse Flow est le premier groupe de rap féminin au Maroc, ainsi que les jeunes Casablancaises qui le compose l’indiquent dans leur biographie sur le site Génération Mawazine. Le groupe, constitué de Wahiba (Miss Wiba), Hind (Miss Hind) et Youssra (Soultana), a décidé de défendre le rap féminin au Maroc tout en diffusant un message fort exposant les problèmes de la jeune génération, surtout ceux des jeunes filles. Tigresse Flow a gagné le premier prix de la compétition de rap et hip-hop «Ouf Du Bled» et le premier prix de Génération Mawazine en 2008.

Leurs paroles traitent de la violence, du chômage et de la pauvreté dans les grandes villes du royaume et préconisent davantage de droits pour les femmes marocaines. La formation s’est dissoute et ses membres poursuivent des carrières en solo, notamment Soultana.

De son vrai nom Youssra Aka, Soultana est une pionnière du rap marocain. Elle s’est imposée au fil des années comme l’une des artistes incontournables du rap féminin maghrébin.

Elle fait ses premiers pas dans le rap à l’âge de 14 ans. A l’agence Reuters, elle confie les difficultés du métier de musicien au Maroc : «Ce n'était pas facile au départ. En Europe, une jeune fille se lève sur scène et chante, ici c'est un peu différent. Des gestionnaires de musique nous ont promis de l'aide et du soutien, mais n'ont rien fait.»

Asmaa Hamzaoui, l’art gnaoui au féminin

Casablancaise, Asmaa Hamzaoui a 19 ans et contraste dans la musique gnaouie, car rares sont les femmes qui jouent au guembri. Il faut savoir que ce genre musical est réservé exclusivement aux hommes.

L’entretien téléphonique qu’elle a accordé à Yabiladi se déroule sur un fond sonore gnaoui enflammé : «Mon père est Maâllam Gnaoui (maître), j’aime sa musique depuis mon enfance. Je le collais souvent. A 6 ans, j’ai eu le droit de toucher au guembri».

«Les principales difficultés que j’ai rencontrées proviennent de la méconnaissance de la culture gnaouie et la présence d’amateurs. Ils n’acceptent pas qu’une femme prennent leur instrument, joue et s’assume. Lorsque j’interprète, je suis dans mon élément, je raconte une histoire authentique qui relate la souffrance des esclaves».

Apprendre l’art gnaoui n’est pas une simple question de gammes musicales. Asmaa a dû assister à bon nombre de «hadrat», ces soirées spirituelles de dance et de pratiques rituelles. Une fois imbibée de cet esprit, elle a pu exporter cette musique descendant d'anciens esclaves noirs d'Afrique subsaharienne aux Marocains sous un visage de femme, mais aussi à Orlando, aux Etats-Unis, où elle a fait une tournée.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com