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Grand Angle

Radicalisation chez Air France : Les précisions et démentis de la compagnie aérienne

Le «Canard enchaîné» a révélé hier plusieurs failles entravant la sécurité des passagers et des employés de la compagnie Air France, commises par des agents du groupe aérien soupçonnés de flirter avec l’islamisme radical. Air France nie une bonne partie des révélations de l'hebdomadaire. Qui dit vrai ?

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Plus de 4 000 casiers de membres du personnel ont été perquisitionnés en 2015. / Ph. ohlalair.com
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Après l’investigation, l’heure est aux rectifications. Dans une enquête publiée mercredi 5 octobre, Le Canard enchaîné a révélé plusieurs dysfonctionnements en lien avec la montée de l’islamisme radical au sein de la compagnie aérienne Air France, remettant ainsi en cause la sécurité de ses passagers et de ses employés.  

Des faits que le groupe s’est empressé de démentir catégoriquement. «Aucun acte de malveillance sur un vol commercial Air France n’a jamais été confirmé ni même identifié comme tel», a-t-il écrit dans un communiqué publié hier, dénonçant des «rumeurs infondées ou [des] événements sortis de leur contexte».

Hier soir, c’est Europe 1 qui s’est attelé à démêler le vrai du faux. Selon les informations de la radio, sept inscriptions «Allah Akbar» auraient été découvertes sur les trappes des appareils de la compagnie aérienne - tous en provenance de Casablanca -, au lieu de la «quarantaine» évoquée par l’hebdomadaire satirique. En juillet 2015, ce tag avait d’ailleurs été retrouvé lors d’un ravitaillement au royaume chérifien, sur l’aile droite d’un Airbus, juste à côté de l’ouverture pour le kérosène. D’ailleurs, les avions de la compagnie nationale ne sont pas les seuls à afficher de tels graffitis : cinq ont été observés sur les avions d’EasyJet depuis fin 2015, dont un en février dernier. Parmi les inscriptions repérées sur les engins d’Air France, d’autres ont également été lues, comme «je t’aime» ou encore «D’Artagnan». Allez comprendre.

La Palestine remplace Israël sur la mappemonde

Europe 1 revient sur le système de Géovision, grâce auquel les passagers peuvent suivre leur trajet sur une mappemonde, prétendument piraté à deux reprises. Sur le vol Los Angeles-Tel-Aviv via Paris, le nom d’Israël aurait été remplacé par «Palestine», et non par «Bande de Gaza». Aucun lien n’a pu être fait avec l’islamisme radical, d’après l’enquête conduite par la Gendarmerie du transport aérien (GTA), qui n’a pas non plus permis d’identifier l’auteur de cette «intervention malveillante». De plus, aucune source n’a entendu parler d’un autre piratage supposé, qui aurait, selon Le Canard, remplacé le Maroc par «Khalifa».

Autre démenti, celui d’une panne récurrente sur des «moteurs relais» permettant aux commandants de bord de contrôler le réacteur depuis le cockpit. Un suspect, présenté comme étant à l’origine de cette anomalie, aurait été identifié suite à une enquête des services de renseignements. Employé d’Air France, il s’agirait d’un Français converti à l’islam, qui «a pris la poudre d’escampette dès qu’il s’est senti surveillé», indique l’hebdomadaire. En réalité, ce dernier aurait été licencié suite à une absence de longue date injustifiée. Ceci dit, il a bien été localisé au Yémen après les faits, comme l’a relevé Le Canard.

«Légende urbaine»

Dernier incident : un agent de piste aurait refusé de guider un avion qui venait d’atterrir parce que le commandant de bord était une femme. «Légende urbaine», ont objecté des proches du préfet délégué à la sécurité, qui n’a pas été averti de cet incident. Pour sa part, la compagnie l’assure : du sol, l’agent n’a pas pu distinguer l’identité du pilote. Un tel agissement aurait été immédiatement signalé et sanctionné, abonde-t-elle.

«Air France rappelle qu’elle met tout en œuvre quotidiennement pour offrir à ses passagers et membres d’équipage le plus haut niveau possible de sûreté et de sécurité. La direction de la sûreté de la compagnie travaille pour cela en étroite collaboration avec les différentes autorités aéroportuaires et services de l'Etat», insiste la compagnie dans son communiqué.

En 2015, plus de 4 000 casiers de membres du personnel avaient été perquisitionnés. Des «signaux faibles» de radicalisation y avaient été décelés : corans annotés, tapis de prière - interdits sur les lieux de travail - ou encore documents faisant référence au salafisme. Au total, 19 badges avaient été retirés et 54 employés s’étaient vu refuser leur premier badge, soit un total de 73 interdictions pour l’année dernière - Le Canard enchaîné privilégiant le flou avec la formule «ces derniers temps».

À la fin de l’année, les dossiers des quelque 86 000 employés qui travaillent sur la plateforme aérienne à Roissy avaient de nouveau fait l’objet de fouilles. Résultat : 18 refus de délivrance et 6 retraits ont été actés en 2016. Parmi les agents travaillant pour des sociétés de sûreté, ciblés en priorité, aucun n’a été mis en cause.

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