C’est depuis son exil à Londres que le fondateur de la «Chabiba islamiya» (Jeunesse islamiste) - organisation interdite au Maroc - s’est adressé dans une lettre ouverte au secrétaire général du PAM. Objectif déclaré de l’intervention : répondre aux propos de Ilyas El Omari affirmant que c’est Abdelkrim Moutiî qui avait introduit, en 1971, le terme «Attahakome» dans le paysage politique marocain. Le religieux affirme qu’il n’a jamais eu recours à ce mot pour qualifier la situation politique au royaume, soulignant en revanche sa préférence pour le terme «despotisme».
Moutiî défend El Himma et la monarchie
Une fois ces éclaircissements apportés, Abdelkrim Moutiî oublie Ilyas El Omari pour se consacrer à son ennemi de toujours : Abdeliah Benkirane. «Attahakome», utilisé actuellement, exprime une personnification d’une campagne partisane lancée dans le but d’infiltrer le cabinet royal, de s’approcher des centres de décisions et de les dominer, et ce par une mise à l’écart du conseiller royal, Fouad Ali El Himma», avance Moutiî. Une éviction qui, poursuit-il, s’inscrit dans le cadre d'«un plan ourdi par des Etats étrangers connus depuis longtemps visant à renverser la monarchie».
«Ces déclarations sont porteuses de messages : d’abord, Moutiî a compris la nature du jeu que se livrent les deux principaux concurrents de la scène politique nationale, ensuite il lance un appel du pied à El Himma pour intercéder en sa faveur en hauts lieux pour retourner au Maroc et saisi l’occasion de la lettre pour régler de vieux comptes datant de plus de trois décennies avec Benkirane», explique à Yabiladi Driss Ganbouri, spécialiste des mouvements islamistes au Maroc.
Force est de constater que le fondateur de la «Chabiba islamiya» a opéré un révision totale de ses positions. Prônant au départ la «lutte armée» pour instaurer un «Etat islamique» au Maroc et un rapprochement de la Libye de Kadhafi et l’Iran de Khomeini, le voilà qui prend la défense du régime monarchique. Un régime qu’il accusait auparavant d’encourager l'actuel chef du gouvernement à rompre avec Moutiî et créer au début des 1980 la «Jamaât Al Islah wa Attajdid» (Groupe Réforme et Renouveau). La structure qui avait fusionné, en août 1996, avec la «Ligue de l’avenir islamique» d'Ahmed Raissouni pour donner naissance au «Mouvement unicité et réforme (MUR)».