Mustapha, Jamal et Abdelilah Benhaddou d’un côté ; Pierre Baldi et Lucien Straboni de l’autre : ce sont les cinq personnes impliquées dans la rixe de Sisco, poursuivies par le tribunal de Bastia. L’audience s’est ouverte jeudi 15 septembre vers 15 heures. Si Mustapha, poursuivi en état de détention, a répondu présent, ses deux frères, poursuivis en état de liberté provisoire, ne se sont pas rendus au tribunal. C’est le «contexte et les conditions de sécurité» qui seraient derrière cette absence, d’après leurs avocats, cités par le live tweet de la chaîne de télévision locale France 3 Corse.
A l’ouverture de l’audience, les avocats de Jamal ont confirmé «leur abandon de la demande de dépaysement», évoquant «un pouvoir politique élu en Corse» qui a «tenté d'influer sur le cours de la justice», à en croire la chaîne française. Les avocats persistent et signe : «Gilles Simeoni (président du Conseil exécutif de Corse, ndlr) et Jean-Guy Talamoni (président de l'Assemblée de Corse, ndlr) sont intervenus pour que les prévenus Siscais ne soient pas incarcérés».
Les conditions de détention de Mustapha, qui rappellent les prisons à «Bogota»
L’occasion pour l'avocat de Jamal d’évoquer aussi les conditions de détention de Mustafa à Borgo. Selon lui, le Marocain détenu «se fait cracher dessus» dans le lieu de détention. Des conditions déplorables qui rappellent les prisons à «Bogota», ajoute l’avocat.
La présidente de l’audience commence alors de présenter les personnes poursuivies. D’abord, Mustafa Benhaddou, poursuivi pour «violences avec armes (fusil harpon) et en réunion (avec incapacité totale de travail de 10j)», selon France 3 Corse, qui rajoute que Mustapha avait été condamné à «8 reprises pour outrage, rébellion, dégradation et surtout trafic de stupéfiants».
Ensuite, la présidente présente Lucien Straboni, «déjà condamné pour une affaire de chantage», et qui est poursuivi, tout comme Pierre Baldi, pour violences sur personne vulnérable (coup sur une personne transportée en civière et coup sur une personne au sol), précise la chaîne française sur Twitter. Jamal Benhaddou, absent de l’audience, est quant à lui poursuivi pour violences avec armes, notamment des pierres et une «batte de base-ball» jamais retrouvée par les gendarmes.
Premier élément à exposer, la présidente de l’audience parle d’un témoignage de touristes alsaciens, qui se seraient «présentés spontanément à la gendarmerie». Mustapha est alors sollicité pour commenter le témoignage relu. Il affirme qu’on lui aurait répondu par «ferme ta gueule sale arabe».
Les deux camps passent aux aveux
Le tour est à Jerry Neumann, 18 ans, l’un des habitants de Sisco blessé lors de cette rixe et selon qui, les frères Benhaddou auraient crié «Allaho Akbar» au moment des coups. Le jeune affirme aussi que lui et ses amis prenaient des photos « pour s’amuser» et que l’un des frères Marocains lui aurait dit de «dégager». Une version corroborée par Mustapha qui a affirmé lui avoir « mis une gifle pour lui faire comprendre», notant qu’il «regrette» son acte. Le Corse d’origine marocaine précise que le groupe de jeunes les avaient insulté et «tiraient des pierres à proximité» par la suite.
L’occasion ensuite de voir des vidéos tournées par des amateurs lors de cette rixe. La reprise est avec Pierre Baldi qui a affirmé que les frères Benhaddou les «injuriaient». Il n’a pas manqué de reconnaître avoir «mis un coup de pied» à Jamal Benhaddou en se débattant, estimant que «c'était involontaire».
Ce sont ensuite les gendarmes qui viennent pour témoigner. «Après 19 heures, les Corses sont en nombre et la situation se tend alors que les insultes continuent», d’après la version des gendarmes selon qui les femmes et les enfants auraient ensuite été isolés. «Un violent coup de poing est assené par L. Straboni sur un des frères Benhaddou, blessé sur une civière», poursuit la même source en précisant que «P. Baldi est vu avec une pierre à la main», en assénant «un coup de pied à Jamal Benhaddou au sol». Les deux prévenus Siscais confirmaient «ne pas avoir eu l'intention de frapper», selon France 3 Corse. L’instruction prend fin à 19 heures et l’audience est suspendue avant la première plaidoirie des parties civiles qui a commencé une heure plus tard.
Lire le résumé des interventions des avocats, du procureur et le verdict du juge...