Menu

Grand Angle

Hanane Karimi : De mère au foyer au féminisme musulman

A ceux qui perçoivent le voile comme un synonyme d’oppression et de régression, Hanane Karimi, musulmane et féministe, oppose une analyse plus subtile de l’islam. Cette religion qui n’a pas l’apanage des hommes, dit-elle.

Publié
Hanane Karimi prépare aujourd’hui une thèse sur les stratégies déployées par certaines musulmanes en France pour contourner l'exclusion dont elles font l'objet. / DR
Temps de lecture: 2'

Féminisme et islam, un tandem compatible ? La question a longtemps déchaîné (et déchaîne encore) les passions, notamment auprès des féministes occidentales. Pour Hanane Karimi, la question est tranchée. «Ne me libérez pas, je m'en charge ! Féministe et musulmane, ne vous en déplaise !». Sa réponse, c’est un peu le porte-étendard du mouvement auquel elle croit dur comme fer, dont elle se veut porteuse à travers l’Hexagone.

«L'islam n'était pas une religion d'hommes, c'était aussi une religion de femmes mais au fur et à mesure de l'Histoire, on les a rendues invisibles», explique cette doctorante de 38 ans à l’AFP, qu’elle reçoit dans son appartement strasbourgeois, «où un roman de Jane Austen côtoie une ‘Encyclopédie de la femme en islam’».

Native de Troyes (Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine), cette fille d’immigrés marocains atterrit dans un milieu modeste - père ouvrier, mère femme au foyer. A 31 ans, divorcée, elle rejoint les bancs de l’université pour y étudier la sociologie. L’étudiante, qui cumule son rôle de mère de trois enfants, prépare aujourd’hui une thèse sur les stratégies déployées par certaines musulmanes en France pour contourner l'exclusion dont elles font l'objet. «Beaucoup de femmes que j'interroge sont passées par l'orthodoxie pour pouvoir ensuite prendre de la distance», analyse-t-elle.

«Mon questionnement m'a amenée à une vision progressiste»

La mosquée a été un espace pour desserrer les liens de son environnement familial, parfois pesant pour certaines filles de culture maghrébine. Pourtant, le chemin qu’elle avait emprunté à ses débuts ne prêtait pas vraiment à l’ouverture. Etudiante, elle interrompt un BTS de biotechnologies pour ne plus avoir à enlever à l'entrée du lycée le foulard qu'elle porte à l'époque ; le temps n’a pas complètement cicatrisé les mauvais souvenirs, d’ailleurs. S’en suit une décennie de femme au foyer.

De cette période, elle raconte : «J'ai été plutôt orthodoxe, rigoriste et puis, au fur et à mesure mon questionnement m'a amenée à une vision progressiste, peut-être même libérale». Elle appelle toutes les femmes - toutes confessions confondues - à porter un regard critique à l'égard de leur religion et dénonce l'islamophobie. Si elle se dit opposée à la loi interdisant le voile à l'école, elle juge que «faire du voile un symbole de piété et de pudeur chez les femmes, c'est toute l'ingéniosité du patriarcat».

Fidèle à ses convictions, loin d’être soumise, Hanane Karimi, porte-parole du collectif «Les femmes dans la mosquée», voit rouge en 2013 lorsque la Grande mosquée de Paris interdit aux femmes l’accès à la salle principale, les envoie prier au sous-sol, assurant vouloir leur offrir un espace plus « vaste et confortable».

Récemment, elle a été invitée par la Rabita Mohammadia des oulémas au Maroc, une institution de réflexion sur la charia islamique ; elle y a été «agréablement surprise» du bon accueil réservé à l’action de son collectif. A Jeune Afrique, elle déclare : «Diffuser la vision de ces femmes, être sociologue, c’est tout aussi important. C’est une partie de mon militantisme aujourd’hui».

Réact.à AZROCK
Auteur : yab7mars2017
Date : le 05 septembre 2016 à 14h13
Merci de ces remarques

J'ai fait une erreur dans la traduction de committment. La vraie traduction c'est engagement et non danger.

Toutes mes excuses aux lecteurs
Rectification
Auteur : yab7mars2017
Date : le 05 septembre 2016 à 14h10
Rectification :
Une erreur survenue dans la traduction du concept committment. Engagement et non danger.

Toutes mes excuses
paragraphe
Auteur : azrock
Date : le 05 septembre 2016 à 08h55
ce que tu ecris est trés interessant, mais avec plus de visibilité cela serait encore mieux.
Suffit de lire
Auteur : UnChamali
Date : le 03 septembre 2016 à 23h17
Introduction de l'article:
"A ceux qui perçoivent le voile comme un synonyme d’oppression et de régression"

En fin d'article:
« faire du voile un symbole de piété et de pudeur chez les femmes, c'est toute l'ingéniosité du patriarcat ».

En effet la réponse est dans le texte



Réact. Hanane Karimi
Auteur : yab7mars2017
Date : le 02 septembre 2016 à 23h30
J'espère qu'elle a bien lu les productions scientifiques de Mohamed Arkoun, Mohamed Abed EL Jabri, Edward Saïd, Ralpg Linton, Maxime Rodinson, Naom Chomsky, Jacques Goody, Emmanuel Wallerstein, Edgar Morin, Taha Hussein qui disait (je pense dans Les Jours : Al Ayyam) : "Seules des femmes émancipées donneront des générations d'hommes libres". Tant de références et de publications systématiquement marginalisées, voire exclues du milieu universitaire et médiatique.
S'appesantir de façon militante sur la dimension religieuse de l'identité dans des recherches socio-anthropologiques est une sort de committment (danger) qui guette le chercheur.
Je ne sais pas comment le soi-disant mouvement féministe pourrait contribuer à la modification des rapports socio-économiques indépendamment des mouvements sociaux et politiques. Edward Saïd, dans son célèbre ouvrage, Culture et impérialisme (2000), éditions fayard avait bien démontré comment les Universités ou les départements de recherches sur les culture et les groupes ethniques se réapproprient des tendances de recherches militantes pour les vider complètement de leur sens et les étrangler dans l'oeuf. Exactement ce que font les universités en France quand elles acceptent ces types de recherches : La domestication et le neutralisation de leur portée. Par contre, les médias sont là pour faire le spectacle avec des invités surtout des "chercheurs" de l'Afrique du Mord et Moyen-Orient pour les pousser au ridicule jusqu'à qu'ils arrivent à dénoncer leur origine et leur culture de référence. Pire, dénoncer leur religion et leur langue. En matière d’appartenance socio-culturelle, ils deviennent plus catholiques que le Pape : La francisation de l'esprit et l’européanisation de l'appartenance : Une imposture dévastatrice sur leur propre fonctionnement cognitif. J'espère qu'elle ne sera pas victime du réductionnisme et du sensible. Bonne chance Hanane dans votre thèse !
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com