Les salafistes pourraient faire leur rentrée à la Chambre des représentants. Des figures de la mouvance islamiste s’apprêtent à se présenter au scrutin du 7 octobre sous les couleurs de trois formations politiques : l’Istiqlal, le Mouvement démocratique et social et dans une moindre mesure Annahda wal Fadila (Renaissance et vertu), une scission du PJD.
Mais c’est le PI de Hamid Chabat qui devrait tenir le haut du pavé. Ses discussions avec le cheikh Mohamed El Fizazi et Abdelouahab Rifki, alias Abou Hafs, sont à un stade avancé. Le premier est pressenti pour être mandataire de la liste de la Balance à Tanger alors que le deuxième devrait l’être à Fès. Sauf surprise majeure, l’annonce officielle du ralliement de deux anciens détenus pour terrorisme, graciés respectivement en avril 2011 et février 2012, est attendue dans les prochains jours.
De son côté le MDS, de son fondateur Mahmoud Archane, à des chances de tirer son épingle du jeu. Même si toutes les tentatives menées par le salafiste, Abdelkrim Chadli -également un ex-détenu pour terrorisme- de convaincre ses autres «frères» de cellule d’adhérer au MDS, se sont révélées vaines. Il en est de même pour ces prédictions de nouvelles grâces royales au profit de prisonniers islamistes à l’approche de chaque fête religieuse ou nationale. En témoigne son énième annonce parue dans l’édition d’aujourd’hui du quotidien Akhbar Al Yaoum.
Washington joue également la carte des salafistes marocains ?
De toute évidence, des calculs politiques sont à l’origine de cette ouverture aux salafistes. Chabat ou Archane ont grandement besoin de sièges à la Chambre des représentants. Et apparemment, il n’y a pas que ces deux partis qui portent un intérêt particulier aux anciens détenus pour terrorisme. L’administration Obama, l’est également, avance le quotidien Assabah.
Un haut diplomate américain à son ambassade à Rabat (Kyle Spector, responsable des affaires politiques) aurait mené des contacts avec des chefs de partis en vue de les convaincre de présenter des salafistes aux prochaines législatives, ajoute la même source. En juillet, Mahmoud Archane,le fondateur du Mouvement démocratique et social, et son fils, Abdessamad, s’étaient longuement entretenu avec le même Spector au sujet de la possibilité pour la petite formation de présenter des candidatures salafistes.
Cet intérêt des Américains pour les salafistes n’est pas sans rappeler celui porté, il y a presque deux décennies, pour les «frères» de Benkirane, et ce, avant même qu’ils n'aient accédé à la Chambre des représentants à l'issue des législatives de 1997. En se tournant vers les salafistes, les Etats-Unis pourraient ainsi anticiper une prévisible chute du PJD, en raison de l’usure du pouvoir.