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Grand Angle

Industrie : L’Emergence ratée du Maroc

Le Maroc n’a pas atteint l’Emergence industrielle que poursuivait le Pacte National de l'Emergence Industrielle lancée en 2009 et qui s’est achevé l’an dernier. Bilan.

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Temps de lecture: 4'

En fin de semaine dernière, le ministère de l’Economie et des Finances a invité plusieurs ministres à s’exprimer sur la capacité du Maroc à atteindre l’Emergence. L’heure du bilan ? Les ministres ont joué le jeu et présenté autant les difficultés de leur secteur respectif – industrie, agriculture, gestion des finances publiques – que leurs réussites. Ils se sont pourtant bien gardés de rappeler que le Pacte national pour l’Emergence industrielle est arrivé à échéance en fin 2015.

«Il y a une dizaine d’année, le Maroc a fait le choix des métiers mondiaux du Maroc. Des stratégies successives ont été menées qui ont donné ce qu’elles ont donné ; il ne faut pas tirer à boulets rouges sur nos prédécesseurs », a seulement estimé Moulay Hafid Elalamy, à demi-mot, comme un aveu.

Le Plan Emergence II oublié

En 2005, le Maroc lançait le Plan Emergence à l’horizon 2020. Actualisé en 2009, il devient le Pacte National pour l’Emergence industrielle (PNEI), aussi appelé Plan Emergence II, à l’horizon 2015, puis en 2014, Moulay Hafid Elalamy, nouveau ministre de l’Industrie et du Commerce, lance le Plan d’accélération industrielle. Renommer pour mieux cacher l’échec ? Fuite en avant pour ne jamais faire le bilan ?

«L’automobile exporte plus que les phosphates. Qui aurait pu imaginer que quelque chose puisse exporter plus que l’OCP ?! », ne cesse de s’étonner le ministre de l’Industrie. Derrière le succès du secteur automobile, le Maroc n’est pourtant pas parvenu à s’industrialiser.

«La croissance des industries de transformation a ralenti de 3,4% entre 2000 et 2008 à 0,9% sur la période 2012-2015. L’emploi dans le secteur s’est inscrit sur une tendance baissière depuis 2009. Sa part dans le PIB a baissé de 17% entre 2000 et 2007 à 15,5% sur la période 2008-2014 et de 12,8% à 11,9% dans l’emploi », constatait ainsi le Wali de Bank Al-Maghrib devant le Conseil National de l'Entreprise CGEM à Agadir le 2 avril 2016.

45 milliards de dirhams d'IDE entre 2009 et 2015

En 2009, les objectifs du Pacte National pour l’Emergence industrielle étaient pourtant ambitieux : créer 220 000 emplois dans les Métiers mondiaux du Maroc – ces secteurs porteurs susceptibles d’assurer au pays de nouvelles exportations – accroître le PIB industriel de 50 milliards de dirhams, générer un volume supplémentaire d’exportations de 95 milliards de dirhams, et drainer 50 milliards d’investissement privés.

En 2015, au terme du PNEI, le Maroc a effectivement atteint ses objectifs en termes d’investissement privés. Le secteur industriel a ainsi reçu plus de 45 milliards de dirhams de nouveaux investissements en provenance uniquement de l’étranger entre 2009 et 2014, selon les rapports économiques et financiers accompagnant les lois de finances successives.

Croissance rapide des exportations, lente du PIB industriel

Si le Maroc n’est pas parvenu à générer 95 milliards de dirhams d’exportation supplémentaires, elles ont tout de même augmenté de 55,4 milliards de dirhams entre 2009 et 2015, selon les statistiques de l’Office des changes reprises dans la note de conjoncture des premiers résultats de l’année 2015. Les gouvernements d’Abbas Al Fassi puis d’Abdelilah Benkirane ont donc réalisé 58% de l’objectif d’exportation du PNEI.

Le PIB industriel n’a pas non plus atteint les 50 milliards de dirhams supplémentaires prévus. Là, les statistiques nationales, celles avancées par les responsables politiques divergent beaucoup, mais l’auteur de ces lignes a fait un petit calcul sur les seuls chiffres du HCP. En 2007, le HCP annonce un PIB de 615 milliards de dirhams et une participation des industries de transformations de 13,3%, soit un PIB industriel de 81,8 milliards de dirhams. Si l’on applique à ce résultat le taux de croissance, d’année en année, de l’indice de production industrielle publié régulièrement par le HCP, le PIB industriel serait de 82,3 en 2009 et 88,5 milliards en 2015. Ces chiffres indiquent une augmentation du PIB industriel de 6 milliards de dirhams sur la période du PNEI, contre un objectif de 50 milliards de dirhams.

115 000 emplois perdus dans l'industrie et l'artisanat de 2009 à 2015

Surtout, le Pacte national pour l’émergence industrielle visait 220 000 créations d’emplois dans les nouveaux Métiers du Maroc. Une urgence dans les années qui précédent sa signature car le taux d’emploi de la population ne cesse de se dégrader. En 2012, le ministère de l’Industrie annonce fièrement que plus de 100 000 emplois ont déjà été créés dans les métiers mondiaux du Maroc. Pourtant, selon le HCP, en moyenne, dans le secteur de l’industrie et de l’artisanat le solde entre nouveaux emplois et destructions d’emplois est négatif. Le secteur ne compte pas en 2015, 220 000 emplois supplémentaires, mais 115 000 emplois de moins.

Au mieux, les créations d’emplois dans les métiers mondiaux du commerce n’auront donc même pas permis de compenser la disparition massive d’emploi dans le reste de l’industrie et de l’artisanat. Au pire, ces nouveaux métiers n’ont jamais créé les emplois annoncés.

+ 500 000 emplois en 2020 ?

Ce constat terrible n’empêche pas le ministre de l’Industrie et du Commerce de conserver intacts ses objectifs en termes d’emploi à l’horizon 2020 - 500 000 nouveaux emplois - qui prétendent pourtant doubler ceux que le Pacte National pour l’Emergence industrielle n’a jamais réussi à atteindre.

Dans ce contexte, il est logique que le ministre de l’Industrie n’accorde pas beaucoup d’attention aux craintes de Meriem Bensalah Chaqroun. «Nous tentons aujourd’hui d’attirer des investissements étrangers avec l’argument que les salaires en Chine deviennent plus chers qu’au Maroc. Aucun pays à travers l’histoire de l’industrie n’a bâti une économie pérenne sur des bas salaires. En tous les cas, ça ne marche qu’un temps ! », a-t-elle asséné à l’adresse du ministre de l’Industrie.

«A propos de la Chine, je persiste et je signe, lui a répondu Moulay Hafid Elalamy. Moi, je ramasse tout ce qui est positif pour le Maroc. Moi, je prends tous les emplois. Le Maroc doit prendre tout ce qui passe.» En attendant, le taux d’emploi du Maroc ne cesse de se dégrader. Il est passé de 45,3% de la population en 2009 à 42,5% en 2015 sans jamais se redresser sur la période.

Le titre est excessef
Auteur : FATEM95
Date : le 09 juin 2016 à 09h50
Cet article peut être vu de deux façons soit c'est un service commandé pour mettre une loupe sur ce qui est raté et montrer que tout ce qui est dit est de la poudre aux yeux et que le pays ne progresse pas. Soit un bilan d'étape pour dire qu'il faut corriger le tir. La réunion ministérielle s'est faite selon ce deuxième constat mais l'article est plutôt selon le premier.
Je pense que le Maroc a fait des progrès énormes en 15 ans car il est parti de RIEN. Maintenant les projections de départ étaient de par trop ambitieuses. Et le modèle peut-être erroné. Et on n'est pas les seuls, d'autres pays voient leurs investissements ne pas produire les effets en tant que part de PIB industriel et en tant qu'emplois. La France, la première vit ce problème depuis très longtemps qui l'empêche de sortir de sa crise.
Ce n'est pas la peine de broyer du noir, ce bilan d'étape va permettre de corriger le tir et l’accélération industrielle qui est une véritable nouvelle phase va permettre de passer à l'étape supérieure.
emrgence rate et qui peut le prouver??
Auteur : ichiadmia
Date : le 09 juin 2016 à 05h51
Emegence ratee?? quel indices utiliser vous pour faire de tel constatation?
sur quel parametres standards (on ne le cree pas pour faire la pluie et le beau temps)...en utulisant les memes donnees statistiques on peut les analyses de mille et une facon... c'est les memes donnees mais seules ceux qui mairisent le langage d'analyse de donnees peuvent decripter l'intention de ceux ou celles qui manipulent les info a leur besoin
croissance ,croissance ...........
Auteur : EL MOROCCO
Date : le 09 juin 2016 à 03h30
Un point de croissance c'est 30 000 emplois à la clé, donc la croissance est le levier magique de l'emergence
l'autocritique renforce l'information.
Auteur : chakib61
Date : le 09 juin 2016 à 01h26

C'est quoi cet automatisme a critiquer yabiladi qui ne crée pourtant pas l'information, parce qu'il ne donne pas l'impression de faire de la propagande. Sinon ça ne serait pas yabiladi.
ehhhh oui le Marocain il ne changera pas
Auteur : sakki
Date : le 08 juin 2016 à 20h12
le Marocains , les décideurs et les donneurs d'ordre, les patrons sont des paresseux , ils ne travaillent pas comme il se doit
simple exemple
sortez le Matin acheter des croissants vers 6h ou 7 h ou même ) 8h du mation
je vous mets au défit de trouver une boulangerie ouverte
je vous dis chiche de me dire le contraire , de me dire que les artisans ils commencent comme tout le monde leur travail à 8h
le Maroc il dort jusqu'au 10 h
le Maroc est arrêté de 10h du soir à 11 ou au Mieux à 10 h
à Tétouan le commerce n'ouvre qu'à 11 h qui me dit le contraire?
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