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Grand Angle

Attentats de Bruxelles : Fayçal Cheffou interprète son arrestation comme un moyen « d’apaiser la population»

Depuis sa libération faute de preuves l'identifiant formellement comme «l'homme au chapeau» de l'aéroport de Zaventem, Fayçal Cheffou s'est fait discret. Dans une interview accordée à la Dernière Heure, il dit craindre pour sa vie depuis qu'il est décrit comme un terroriste. Arrêté au lendemain des attentats de Bruxelles, Fayçal Cheffou voit dans son arrestation, une volonté des autorités belges d'apaiser la population. Retour sur le récit de son arrestation dont il compte bien se blanchir quitte à s'expliquer devant les grandes chaînes TV.

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Fayçal Cheffou a été arrêté 3 jours après les attentats de Bruxelles après avoir été soupçonné d’être «l’homme au chapeau», le 3ème homme de l’aéroport de Zaventem. Mais faute de preuves, la police belge le libère 4 jours plus tard, les enquêteurs n’ayant pas pu établir qu’il était l’homme recherché.

Seulement depuis sa libération, Fayçal Cheffou vit reclus chez une connaissance, des menaces de mort pesant sur sa vie. Dans une interview accordée au téléphone à la Dernière Heure (DH), Fayçal Cheffou est revenu sur le film de son arrestation mais aussi les raisons qui expliquent, selon lui, sa détention.

Tout commence, ironie de l’histoire, par son interpellation, 3 jours après les attentats de Bruxelles dans une voiture stationnée devant le parquet fédéral. «Ils croyaient que j’étais présent lors de l’attaque à Zaventem. J’ai immédiatement dit à la police que je ne pouvais pas être là à ce moment-là pour la simple raison que j’étais chez moi. Ils pouvaient très bien vérifier cela. J’avais des preuves. Mais personne ne m’écoutait. J’étais le coupable idéal. Comme s’ils raisonnaient de la manière suivante : "On fait comme si on avait le bon." La population était inquiète après ces horribles attentats. Ainsi, les auteurs devaient être attrapés. Apaiser la population était subitement la priorité de l’État. La police m’a alors arrêté», raconte-t-il à DH.

Les soupçons de la police venaient peut-être du fait que Fayçal Cheffou était sous surveillance pour le recrutement présumé de jeunes dans un parc bruxellois pour le compte d’organisations extrémistes. «Le jour où les événements ont eu lieu à Maelbeek et Zaventem, il est apparu d’un coup qu’ils n’arrivaient pas à mettre la main sur deux auteurs. Alors, ils ont sorti leur dossier et dit : "Là, celui-là lui ressemble un peu quand même" ».

Fayçal Cheffou accuse des policiers belges, français et marocains de mauvais traitements.

Après son arrestation, un chauffeur de taxi qui avait conduit les 3 terroristes à l’aéroport de Zaventem, est venu l’identifier, expliquant que Fayçal était l’homme au chapeau, seul indice des policiers. «Ce chauffeur de taxi qui a pris les terroristes trouvait que je ressemblais un peu à celui qui portait un chapeau. Mais ils n’avaient rien de plus».

Fayçal Cheffou dénonce des mauvais traitements lors de son interrogatoire mené par des policiers belges, français et marocains. «La police belge travaille sur ce dossier en collaboration avec des collègues français et marocains. Ces derniers n’ont pas vraiment une manière amicale d’interroger. Au poste de police, ils m’ont complètement déshabillé. J’ai aussi reçu des coups. Ce que j’ai compris, c’est que, après les attaques, la police n’était plus tenue de respecter la loi. Ouste la démocratie ! Et pendant que les enquêteurs se concentraient sur moi, ils ont laissé les véritables auteurs s’enfuir. Nous sommes maintenant deux semaines après les attaques et ils sont toujours en fuite. C’est quand même le summum de l’incompétence », lance-t-il.

Des interrogatoires qui n’ont rien donné. C’est finalement  l’ADN qui sauvera Fayçal Cheffou. «Cet homme a fait son travail. Quand il a réalisé que mes empreintes digitales et mon ADN ne correspondaient pas à ceux de la scène de crime, j’ai pu rentrer à la maison. Mon alibi correspondait également », explique-t-il. La phase la plus difficile pour Fayçal est celle d’après sa libération.

«Je ne peux plus sortir. Toute cette affaire a ruiné ma vie», confie-t-il. Bien que libre, Fayçal Cheffou est toujours sous le coup de poursuites pour «participation aux activités d’un groupe terroriste». «Je ne suis pas encore tout à fait blanchi. À cause de ça, je suis aujourd’hui menacé de mort. J’ai aussi une vie et une famille ! Imaginez donc ce que ma mère, mes sœurs et moi vivons actuellement», s’inquiète-t-il. Pour faire la lumière sur cette affaire et se blanchir publiquement, le journaliste indépendant envisage de parler dans les médias. « J’ai déjà eu des contacts avec CNN et ABC. Je veux que les gens connaissent la vérité. Je peux seulement vous dire qu’on ne peut rien me reprocher. Je n’ai rien fait. Je n’y étais pas. Je suis seulement très, très, très en colère maintenant », déplore-t-il. Une colère qui lui passera peut-être quand son innocence sera définitivement établie.

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