L’Algérie compte toujours arracher le soutien français aux thèses du Polisario. Le message a été martelé, ce mardi 29 mars, par le chef de la diplomatie du voisin de l’Est à l’occasion d’un point de presse qu’il a animé avec son homologue français. Jean Marc Ayrault est en visite à Alger pour préparer la prochaine réunion de la haute commission mixte, prévue en mai.
«Nous avons toujours de bons espoirs que l'administration du président François Hollande va véritablement aider la région à régler cette question dans le cadre de la légalité internationale et dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», a tenu à préciser Ramtane Lamamra dans des propos rapportés par l’agence de presse algérienne APS. Il comptait peut être sur la désignation, en février dernier, d’Ayrault à la tête de la diplomatie française, qui avait été plutôt bien accueillie à Alger, pour faire bouger les choses.
Ayrault plus prudent sur le sujet qu’il ne l’était en tant que Premier ministre
Mais le locataire du Quai d’Orsay s’est montré plus prudent que lors de son précédent déplacement en Algérie, en décembre 2013, en sa qualité de chef du gouvernement. A l’époque il avait en effet apposé sa signature à une déclaration commune appelant au «droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Sa position avait alors contraint les services de son prédécesseur, Laurent Fabius, à publier une mise au point destinée à calmer la colère de la partie marocaine.
Ayrault a visiblement tiré les leçons de son erreur. Le Français a esquivé ce mardi, non sans diplomatie, l’invitation de son homologue algérien. «Je ne suis pas historien, mais je ne vous cacherai pas que c'est l'un des principaux désaccords [le dossier du Sahara, ndlr] entre la politique extérieure de l'Algérie et celle de la France», a-t-il admis. Cela n’a pas empêché Lamamra de revenir à la charge, affirmant que «la France trouverait absolument un rôle dans le soutien et la conduite d'un processus qui permettra au Maghreb arabe d'aller vers un destin collectif et unitaire avec la satisfaction du droit naturel du peuple sahraoui à l'autodétermination».
Faire pencher la France du côté du Polisario tiendrait pourtant du miracle. Paris a une nouvelle fois montré son soutien au Maroc en appuyant, au Conseil de sécurité, les sanctions prises par le royaume contre la composante politique de la Minurso en représaille aux propos tenus par le secrétaire général de l’ONU dans les camps de Tindouf et à Alger. A la veille de la visite de Jean-Marc Ayrault, un média francophone algérien avait même qualifié le positionnement français de «coup de poignard dans le dos de l’Algérie».