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Grand Angle

Ifrane, la neige et le tourisme (ir)responsable [Billet d'humeur]

Les vacances au ski ont été sauvées in extremis. Dans son infini mansuétude, Dieu a fait tomber des dizaines de centimètres de neige en février. Dans son infini irresponsabilité, l'homo-touristicus a laissé quant à lui des tonnes de détritus.

Publié
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir
Région de Jbel Hebri / Photos Med Chakir

Que c'était joli à voir ! De la neige à perte de vue sur les montagnes de la région d'Ifrane. Des cèdres de l'Atlas pliant sous le poids des millions de flocons tombés sur leurs branches. Des petits lacs glacés par la soudaine vague de froid. Un décor que seule la nature peut nous offrir dans un pays plus connu pour ses plages, ses palmiers et son désert.

Et les Marocains ne s'y sont pas trompés. La ville d'Ifrane a été littéralement prise d'assaut tout au long du mois de février et début mars. Les week-ends, on pouvait observer des bouchons de dizaines de kilomètres un peu partout dans la région. Quel plaisir de voir des enfants découvrir pour la première fois la neige, effectuer leur première descente en luge et s'initier au ski. Et les adultes collés à leur smartphone pour mitrailler de photos ou de selfies.

Homo-touristicus

Bon, trêve de poésie, nous sommes des gnous ! Notre passage dans ces contrées reculées restera comme chaque année une cicatrice pour cette nature pourtant généreuse. Sacs plastiques, emballages de toutes sortes, bouteilles,… jonchent les terrains improvisés en parking, les flancs de colline jadis enneigés et les forêts tristement décorés par nos soins. Comment peut-on faire du tourisme aussi irresponsable dans une région aussi magnifique ?

La faute à nous tous. D'abord nous, les urbains qui montrerons fièrement nos photos à nos amis qui n'ont pas eu la chance de découvrir ces merveilleux paysages. Ensuite, les locaux qui profitent de cette soudaine aubaine touristique (parking, moniteurs, loueurs de matériels...) sans pour autant entretenir leur principale richesse. Et enfin, les autorités locales qui ne mènent aucune mesure de prévention pour sensibiliser la population au respect de l'environnement, et au civisme de manière générale.

En attendant une prise de conscience, chacun malheureusement vaque à ses occupations. Les touristes sont retournés chez eux avec pleins de jolis souvenirs. Les populations locales reprennent le cours normal de leur vie. Les paysages de notre pays qui font notre fierté resteront, quant à eux, marqués pour longtemps, très longtemps, par notre inconséquence. Nous sommes irresponsables, nous sommes des gnous !

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