Le patron du BCIJ, Abdelhak Khiame a encore confirmé dans une interview accordée hier à l’agence américaine AP, le rôle des services de renseignements marocains dans l’enquête sur les attentats de Paris.
Au cours de cette interview reprise par le Daily Mail, le patron du service de sûreté marocain a affirmé que le «renseignement marocain a permis à la France d’éviter des attaques planifiées encore plus graves». Abdelhak Khiame a aussi mis en avant le rôle déterminant dans la traque d’Abdelhamid Abaaoud et des commandos. «Après les attentats qui ont eu lieu à Paris, le Maroc a communiqué qu’ils [les terroristes], étaient liés à une filiale belge à Molenbeek», a fait savoir Abdelhak Khiame.
Il poursuit que «cela s’est ensuite révélé vrai puisqu’ensuite, grâce aux renseignements que nous avons eu, nous avons été en mesure de communiquer à la France que le cerveau de ce groupe, Abdelhamid Abaaoud était encore à Paris à Saint-Denis». Autre sujet abordé lors de l’interview, l’arrestation le 10 octobre dernier lors d’une visite familiale au Maroc de Yassine Abaaoud, frère du cerveau présumé des attentats de Paris. Selon le directeur du BCIJ, l’arrestation n’était que «préventive» car le jeune homme «appartenait à une famille impliquée dans le terrorisme».
Le Maroc reste en état d'alerte même si le danger n'est pas imminent
«Le Maroc est en guerre contre le terrorisme» a déclaré Abdelhak Khiame au cours de l’interview décrivant le Maroc comme un royaume musulman allié des Etats-Unis et tel un rempart pour la stabilité en Afrique du Nord. Il explique que le royaume partage des renseignements sur des terroristes potentiels avec ses alliés occidentaux et avec des pays du monde arabe, de la Libye à l’Egypte en passant par l’Arabie Saoudite et les Emirats-Arabes-Unis.
Pour le patron du BCIJ, la participation du Maroc dans la coalition menée par les Etats-Unis aux lendemains du 11 septembre a constitué un tournant qui a fait du Maroc, une cible pour les terroristes. «Les attentats de Casablanca en 2003, nous ont donné une leçon» souligne-t-il relevant qu’après l’attentat du café Argana, aucune autre attaque majeure ne s’est produite sur le sol marocain. Le pays applique des mesures spéciales qui permettent aux services de sécurité de procéder à des arrestations préventives d’individus ayant des connexions avec des groupes terroristes.
Après ces arrestations, c’est la justice qui prend le relais, précise Abdelhak Khiame. Il semble que les arrestations préventives aient porté leurs fruits puisque depuis sa création, le BCIJ a démantelé 22 cellules terroristes «sur le point de commettre des actes». Par ailleurs, 17 personnes «radicalisées» ont été arrêtées en fin d’année où le niveau d’alerte avait été relevé. Un niveau d’alerte qui prévaut toujours même s’il n’y a «pas de danger imminent». «Nous n’attendons pas que des individus viennent perpétrer des attaques. Nous devons agir avant de réagir», a-t-il fait savoir.