Extrêmement fatigué, Ali Aarrass peine à se mettre debout sur ses deux jambes dans sa cellule de la prison de Salé. L’œil enflé, il se tourne devant la caméra pour montrer son corps recouvert de traces de coups. La vidéo date de 2012, mais elle a été mise en ligne sur Dailymotion, ce lundi 5 octobre, par le site d’information belge DH qui précise : «il a fallu du temps pour prendre la décision de la diffuser».
«Jusqu’à quand ?»
Selon la même source, ces images ont été relayées «par l’entremise de Christophe Marchand, avocat belge spécialisé dans les droits de l'homme». «J’aurais dû faire cette vidéo depuis longtemps, mais les conditions ne me le permettaient pas. Je suis à nouveau maltraité, torturé… seulement pour avoir demandé mes droits fondamentaux comme tout autre prisonnier», se désole Aarrass.
Depuis la visite du rapporteur de l’ONU en septembre 2012, dit-il, «ça s’est empiré… et je dois encaisser encore. Jusqu’à quand ? Je ne sais pas». A la fin de l’enregistrement, le Belgo-marocain montre une feuille sur laquelle il a listé les noms des personnes qui, dit-il, «m’ont torturé».
Arrêté en 2008 en Espagne pour des faits liés au terrorisme puis extradé vers le Maroc, Ali Aarrass a été condamné en 2011 à 12 ans de prison pour détention illégale d’armes et terrorisme. Clamant son innocence depuis le début, sa famille ainsi que les ONG internationales de défense des droits de l’Homme ne cessent d’interpeller le gouvernement marocain à son sujet. Trois ans après l’introduction de son recours en cassation, le Belgo-marocain attend toujours un retour de la justice marocaine.
Que fait la Belgique ?
En avril dernier, ses avocats belges ont critiqué l’inaction de la Belgique face à son cas. Fin juin, l’Etat belge a introduit un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel de Bruxelles qui demandait à l’Etat d’assurer des visites hebdomadaires au prisonnier belgo-marocain.
Le 25 août, Ali Aarrass a entamé une nouvelle grève de la faim, la sixième depuis son incarcération à la prison en Salé.