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Grand Angle

Aznar et le PP : Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais !

Alors que le Parti Popular et Aznar ont toujours eu une attitude belliqueuse à l'égard du Maroc et de sa souveraineté territoriale, la droite espagnole ne veut pas entendre parler de référendum sur l'autonomie élargie de la Catalogne, et éructe dès qu'il entend parler de toute négociation avec l'ETA.

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Les derniers évènements de Laâyoune avec toute la propagande politico-médiatique qui a sévi en Espagne, ont placé le Parti Popular au coeur de la contestation anti-Maroc.

Pour la droite dure espagnole, le Sahara occidental ne peut pas être Marocain, le Royaume chérifien est un agresseur, un oppresseur, et a souvent été qualifié par les médias proche du parti comme un colonisateur. C’est l'hôpital qui se fout de la charité.

Pourtant une note diplomatique provenant de l'ambassade américaine à Madrid, révélée par Wikileaks, vont mettre Aznar et son parti face à leur incohérence idéologique. Il est ainsi précisé en 2006, qu’Aznar confiait à l'ambassadeur, qu'il redoutait une "balkanisation" de l'Espagne. Pire, le référendum pour l'autonomie élargie de la Catalogne risque d'ouvrir la boite de pandore.

Pourtant c'est ce que propose le Maroc à l'égard des provinces sahariennes : un statut d'autonomie élargie. Le Maroc serait-il plus ouvert et plus en avance sur les questions d'autonomie que le "démocratique" Parti Popular ? Pourquoi critiquer le projet d'autonomie proposé par le Maroc et insister sur le référendum d'autodétermination qui est devenu inapplicable, alors qu'on n’est même pas capable d'accepter un référendum sur une simple autonomie d'une région du Royaume d'Espagne ? Encore une histoire de paille et de poutre.

D'ailleurs ce n'est pas fini, puisque question poutre, Aznar en a apparemment tout un stock. Il insiste ainsi devant son interlocuteur américain, sur le fait que les négociations avec l'ETA ne peuvent que se conclure par un échec. "La seule voie de négociation avec l'ETA est de la considérer comme une organisation criminelle". Intéressant. Si l'on transpose cette posture au conflit Maroc-Polisario, le gouvernement marocain est des plus modérés. N'est ce pas le Maroc qui négocie avec le Polisario (même si ces derniers sont une organisation militaire qui ne représente qu'une minorité de Sahraouis) à Manhasset ? N'est ce pas le Maroc qui tente de proposer une solution "juste et mutuellement acceptable" ? 

Alors pourquoi Aznar ne veut-il pas appliquer en Espagne ce que lui et son parti souhaite imposer au Maroc ?
Non pour Aznar, l'ETA n'abandonnera jamais sa demande d'auto-détermination pour les basques, et le gouvernement espagnol ne pourra jamais accepter cette revendication.

En anglais dans le texte : "According to Aznar, ETA will never abandon its demand for Basque self-determination, and the GOS can never agree to that demand."

Des médias qui oublient toute déontologie et tout professionnalisme dès qu'il s'agit du Maroc. Des politiques qui font d'un problème marocain, un enjeu de politique intérieure. Un parti populiste qui est jaloux de l'intégrité territoriale de l'Espagne, mais s'active pour démanteler un pays voisin. Décidemment, le franquisme a définitivement marquée la vie politique espagnole. On peut toutefois regretter que les leaders du Parti Popular n'aient pas gardé les costumes militaires de Franco. Au moins nous serions plus en phase avec les images du siècle dernier.

Le diner de l'ambassadeur

Une autre note envoyée en 2007, suite à un diner entre l’ambassadeur et le couple Aznar, appuie ce deux poids deux mesures de l’ex chef de gouvernement espagnol. Ainsi, lors de la même soirée, Aznar dit tout le mal qu’il pense de Zapatero et de sa politique de main tendue vis-à-vis des Catalans et des Basques ; et admoneste les Etats-Unis pour résoudre le différent du Sahara Occidental entre le Maroc et l’Algérie. Il ajoute que le rapprochement américain des positions marocaines ne leur sera pas bénéfique.

L’ambassadeur a dû bien s’amuser de voir autant d’incohérences, de culot et de vanité dans la même soirée. Aznar n’y est d’ailleurs pas allé par 4 chemins. Après avoir émis des doutes sur les qualités de son successeur Rajoy au Parti Popular, il a averti qu’il pourrait revenir aux affaires si la cohésion territoriale de l’Espagne était menacée. Nous voilà avertis !

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