Les députés et sénateurs seraient sur le point de concrétiser un vieux rêve. Les chefs de tous les services de sécurité pourraient défiler devant les membres des commissions de l’Intérieur des deux Chambres du parlement, indique dans son édition d’aujourd’hui le quotidien Assabah.
En coordination avec le département de Mohamed Hassad et de l’Administration de défense nationale, les préparatifs seraient même sur la bonne voie pour les comparutions de Yassine Mansouri (DGED), Abdellatif Hammouchi (DGST et DGSN), et Hosni Benslimane pour la gendarmerie royale.
De toute évidence, c'est la stratégie sécuritaire du royaume qui pourrait ainsi être au cœur des interventions des responsables. Habitués à la discrétion à l’intérieur du pays, à l'étranger ils se sont montrés plus bavards. Ils ont en effet abordé le sujet à l’occasion de sessions du groupe 5+5 ou du groupe G4 (réunissant le Maroc, l’Espagne, le Portugal et la France). Devant l'ONU, Mansouri avait animé, en septembre 2014, une conférence sur les clés de la réussite du combat de Rabat contre les groupes terroristes.
Vers un contrôle parlementaire ?
Malgré le caractère inédit, ces passages devant les commissions parlementaires ne devraient pas poser de problème pour les hiérarchies respectives. Le chef du Bureau central des investigations judiciaires, Abdelhak Al Khayam, a donné l’exemple en participant, mercredi 1er juillet, à une émission de débat sur 2M. Mais au-delà de l'exercice de communication, les députés et les sénateurs auront-ils à l'avenir un droit de regard sur la politique sécuritaire du pays ou un contrôle des dépenses des services, comme cela est en vigueur sous d’autres cieux ?
Il s’agit en effet d’une vieille revendication insatisfaite malgré la pression de certains députés islamistes ainsi que de la gauche. La première fois qu’ils avaient contraint les autorités à venir s’expliquer sur le danger de l’infiltration des groupes djihadistes des rangs de l’armée et la police remonte en effet à août 2006. C’était dans le sillage du démantèlement, en juillet de la même année, du réseau «Ansar Al Mahdi», dirigé par le salafiste Hassan Al Khattab. A l’époque, c’était l’ancien ministre de l’Intérieur accompagné par son ex-n°2, Fouad Ali El Himma, qui avaient comparu devant une commission de la Chambre des représentants.