La menace sérieuse de Daesh, notamment après l’attentat de Sousse, pourrait accélerer la création du Conseil supérieur de sécurité au Maroc. C’est du moins le souhait exprimé par le bureau politique de l’USFP en réaction à l’attentat terroriste du vendredi 26 juin en Tunisie.
La formation de l’opposition insiste brièvement «sur l’urgence de mettre sur pied le CSS», tel que le prévoit l’article 54 de la constitution du 1er juillet 2011. Une instance qui se veut «de concertation sur les stratégies de sécurité intérieure et extérieure du pays, et de gestion des situations de crise, qui veille également à l’institutionnalisation des normes d’une bonne gouvernance sécuritaire».
L’opérationnalisation du Conseil accuse en effet un net retard. Le projet de loi organique ne figure pas sur le programme législatif du gouvernement révélé fin mars 2013, et immédiatement remis aux deux Chambres du parlement. Il ne s’agit pas d’un oubli de la part de l’exécutif mais d’une concession faite au palais. Abdelilah Benkirane avait souhaité laisser à l’entourage royal l’opportunité de préparer le règlement intérieur du Conseil afin de fixer son organisation et son fonctionnement. Une entorse à la constitution qui confie la rédaction des textes de lois au gouvernement.
Un sujet peu abordé par la classe politique
L’appel timide de l’USFP a réussi à briser un silence sur un sujet d’ailleurs peu abordé par l’ensemble de la classe politique. Jusqu’à présent seul le Centre d'études en droits humains et démocratie (DEDHD), en collaboration avec le Centre suisse pour le contrôle démocratique des forces armées, avait organisé une rencontre de deux jours, en mars 2013, à Rabat, sur le Conseil supérieur de sécurité avec la participation d’experts marocains et internationaux.
Dans la même lignée, peu de médias ont accordé de l'intérêt au CSS. Il fait remonter aux premiers mois du gouvernement Benkirane pour tomber sur des informations indirectes au sujet du Conseil avec une possible nomination de Mohamed Saâd Hassar, ancien ministre délégué à l’Intérieur sous le cabinet Abbas El Fassi, au poste de secrétaire général du CSS.
Selon l'article 54 de la constitution, le Conseil supérieur de sécurité est présidé par le roi Mohammed VI et compte notamment parmi ses membres le chef du gouvernement, les ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice et de l’Administration de la défense nationale ainsi que des militaires et les chefs des services de renseignements. L'article ouvre également la voie à "toute autre personnalité dont la présence est utile aux travaux dudit Conseil".