Après les révélations sur un rapport européen sur les détournements des aides aux réfugiés sahraouis par l’Algérie et le Polisario, le Front contre-attaque sur le dossier des prospections pétrolières. En ligne de mire des amis de Mohamed Abdelaziz, les activités de la compagnie Kosmos Energy au large des côtes du Sahara occidental, précisément au Cap Boujdour.
Dans une lettre adressée au conseil de sécurité, le Front demande l’arrêt immédiat des opérations de forages menées par la société américaine depuis presque une année. Le Polisario estime qu’elles constituent «une provocation et une menace pour la paix et la stabilité au Sahara occidental et dans toute la région du Maghreb arabe». La missive ajoute que les explorations sont «une violation du droit international», appelant, au passage, les Quinze à assumer leurs «responsabilités».
Nouveau cheval de bataille du Polisario
A trois mois du prochain débat sur le dossier du Sahara à l’ONU, cette question des ressources naturelles est désormais au cœur de la campagne du Polisario pour tenter de renverser la vapeur en sa faveur. Ce changement de tactique intervient au lendemain des entretiens téléphoniques entre le roi Mohammed VI et le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon.
Le Front voyant de plus en plus s’éloigner la perspective d’un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara, fait des ressources naturelles sa priorité. Un passage dans la prochaine résolution du conseil de sécurité qui dénoncerait les prospections pétrolières dans la province pourrait amplement satisfaire la direction du Polisario qui le brandira à n’en pas douter en trophée.
Mohamed Abdelaziz a d’autant plus besoin d’un succès à L’ONU que la situation dans les camps de Tindouf n’est guère apaisée. La puissante tribu des Tekna vient de dénoncer des violations des droits de l’homme qu’elle aurait subi durant les années 80 et 90. Elle réclame le jugement des responsables en adressant un ultimatum à la direction du Polisario avant de passer aux protestations. De son côté, les amis de Mohamed Abdelaziz ont anticipé l’éclatement de troubles internes lorsqu’ils ont placé l’année 2015 sous le thème de l’ «unité nationale» au lieu d’ «année de la solution».