L’été aura été chaud aux Etats-Unis. L’islam n’aura jamais autant squatté les médias américains depuis le 11 septembre 2001. Tout débuta avec la polémique autour du projet de mosquée dans Manhattan. Un projet qui a pourtant fait l’unanimité politique puisque validé par le maire de New York, le républicain Michael Bloomberg, et soutenu par le président des Etats-Unis, le démocrate Barak Obama. Il a suffit de l’insistance d’une blogueuse pour mettre le feu aux poudres. Le projet de mosquée à Manhattan devint alors le symbole de la victoire des terroristes du 11 septembre. On voit ici comment les médias peuvent s’emparer d’une tempête dans un verre d’eau pour le transformer en ouragan capable de déstabiliser le président des Etats-Unis.
Ce dernier sera l’objet d’un autre assaut des médias. Comme à l’époque du Mc Carthisme où l’on voyait du communisme de partout, l’islam serait le virus qui aurait infecté les Etats-Unis, jusqu’au président lui-même. Ainsi, plus de 20% des américains sont persuadés que Barack Obama est de confession musulmane. On réalise un sondage débile sur la religion du président qui se déclare pourtant clairement chrétien, et voilà que cela fait un sujet national, pour ne pas dire international. Doit-on faire un sondage sur la judaïté présumé du président Nicolas Sarkozy puisque ces aïeux étaient juifs ? En réalité tout le monde s’en fou, sauf les extrémistes.
Il voulait brûler le coran, on lui a coupé le courant. Et le voilà plongé dans l’obscurité de l’ignorance !
Dernier acte de l’excitation islamophobe : un provocateur isolé qui menace de brûler 200 exemplaires du coran le jour du 11 septembre. Un sujet qui a été monté en épingle par les médias. Plus de 150 interviews en l’espace d’un mois. Rien au départ ne permettait de penser que cet hurluberlu allait devenir le héro de l’Amérique convalescente du 11/09.
Selon le New York Times, le responsable du service de presse de la Maison Blanche a critiqué les médias en déclarant : «Il y a plus de monde dans les conférences de presse du pasteur que d'auditeurs pour ses sermons».
La propre fille du pasteur pentecôtiste l’accuse de dérive sectaire. Il a d’ailleurs été viré d’Allemagne après que ses quelques fidèles aient compris la nature réelle du personnage. On ne peut que méditer la phrase de Léopold Sédar Senghor : «Les racistes sont des gens qui se trompent de colère».
Evidemment certains essayeront d’analyser cet acte imbécile pour nous pondre une analyse politique, géostratégique, religieuse… C’est tout simplement un acte de crétin, qui n’a aucune utilité, même pas de soulager sa haine de l’autre. Si vous êtes victime d’un redressement fiscal, ce n’est pas en brûlant un exemplaire du code général des impôts que vous soulagerez votre conscience.
En réalité, ce pasteur n’a fait qu’enrichir la boutique qui lui a vendu les 200 exemplaires du Coran.
Les médias dans leur quête d’audience sont devenus des chasseurs de sujets extrêmes, un Guinness book de la bêtise, de l’idiotie, des cas les plus farfelues. La télé sur ce créneau, fait figure de cour des miracles. Les Américains, si prompt à nous arroser de leur côté chevaleresque à longueur de films, aurait gagné à l’appliquer dans la vie réelle. Pourquoi ne pas prévoir dans cette nouvelle tour qui a été construite sur les ruines de Ground Zero, une salle de prière pour chaque confession, et montrer aux yeux du monde comment l’Amérique a pansé les blessures du 11 Septembre 2001. Ca aurait de la gueule, un vrai scénario hollywoodien. On pourrait choisir Denzel Washington dans le rôle principal qui à la fin du film déclarerait solennellement : «Jamais les Etats Unis d’Amérique ne plieront devant les terroristes. Musulmans, juifs, chrétiens, athées, peu importe, ici nous sommes tous Américains. God Bless America !»
Je regarde trop de films ? Peut-être, mais je garde quand même un peu d’espoir quand j’entends Barack Obama répondre aux extrémistes de son pays : «les Etats-Unis ne seront jamais en guerre contre l'islam». Denzel à Los Angeles, Barack à Washington, même combat.