Le Maroc tente de se repositionner au Mali, plus précisément au nord de ce pays. L'échec de la tenue du deuxième round de dialogue intermalien, initialement prévu du 17 août au 11 septembre, sous l'égide de l'Algérie, a offert une chance à Rabat de marquer son retour sur ce dossier, après quelques mois d'absence forcée due à une proximité entre les présidents Keita et Bouteflika.
Le royaume n'est pas le seul à tirer profit du faux pas du voisin de l'Est dans sa "médiation". Le Burkina Faso, allié traditionnel du Maroc sur nombre de questions africaines, est de nouveau au cœur du dossier. Le régime de Blaise Kampaoré a, également, été écarté par les Algériens de toute solution sur les désaccords entre les Maliens.
Le Maroc joue à fond la carte touareg
La semaine dernière, Ouagadougou a abrité une réunion des principales factions maliennes touaregs (le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA)). Après quatre jours de pourparlers, le jeudi 28 août, elles décidaient d'enterrer la hache de guerre et annonçaient, dans un communiqué, la création d'un front commun, lors des négociations de paix prévues ce lundi à Alger, avec le gouvernement de Bamako. Elles ont convenu de défendre les particularités du nord du Mali dans le cadre de l'intégrité territoriale du pays, rejetant ainsi, l'option de l'indépendance.
Le lendemain de l'entente retrouvée entre les adversaires d'hier, une délégation du MNLA, conduite par son secrétaire général, Bilal Ag Cherif, s'est déplacée à Rabat pour prendre langue avec le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar et la ministre déléguée, Mme Mbarka Bouaida.
A l'issue des discussions, le chef touareg, qui effectue officiellement sa deuxième visite au royaume après celle du 31 janvier au cours de laquelle il avait été reçu par le roi Mohammed VI à Marrakech, a qualifié de "central" le rôle du Maroc dans le règlement de la crise malienne, "eu égard à sa position régionale et internationale et aux liens fraternels historiques qui l’unissent avec toutes les composantes du peuple malien".
Voilà des propos qui ne devraient guère plaire aux officiels algériens. D'autant plus qu'il y a trois semaines, Ramtane Lamamra s'est dit, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, opposé à une participation du Maroc dans le processus de paix au Mali.