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Capital immatériel au Maroc : Avant de l'évaluer, il faudrait d'abord l'identifier

Depuis le discours du trône du Roi Mohamed VI, le mot qui fait l’unanimité des recherches et questions est le «Capital immatériel». C’est quoi ? Comment ? Est-ce que ça existe vraiment ? Le débat actuel est focalisé sur son évaluation. Or comment peut-on évaluer ce qu’on n’arrive pas à identifier ? 

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Avant de vouloir  évaluer et calculer la contribution du capital immatériel dans l’économie nationale, il convient d’abord de définir, identifier, limiter et adapter le concept selon les spécificités et le contexte marocain. C’est un concept bateau dont la notion diffère non dans le principe mais les composantes d’un pays à l’autre. Il faut aussi faire la différence entre capital immatériel et richesses immatérielles. Une richesse ne peut être considérée comme capital qu’une fois recensée, classifiée et évaluée.

Personne ne peut nier que nous sommes un pays riche de son histoire, sa culture, son patrimoine, sa diversité et son peuple mais on n’arrive pas à localiser cette richesse ni à concevoir comment elle peut être moteur de croissance, rentable et créatrice de valeur ajoutée. C’est là ou commence le travail.

Capitalisons cette richesse

Beaucoup parle de la formation, l’efficacité de la justice, le monde des affaires et de l’entreprise. Mais si le Roi dit qu’il faut améliorer le niveau de vie de ce simple citoyen qui n’a que son savoir-faire acquis, non pas dans des écoles et des universités mais dans le quotidien, ce que ses parents lui ont transmis, de ce qu’il a appris de son contexte et environnement. Comment il vit, il s’habille et il parle, ce qu’il fête et ce qu’il célèbre… bref son identité.

Même la France de qui on a pratiquement importé et inspiré la majorité de nos plans de développement, son Conseil économique et social a effectué une étude sur l’impact de la culture sur le développement économique et sociale en 1998. Récemment, un rapport a été publié montrant que la culture contribue 7 fois plus au PIB français que l'industrie automobile avec 57,8 milliards d'euros de valeur ajoutée par an. Son coût total pour la collectivité approche 21,5 milliards d'euros.

Si on revient à la définition de la culture selon l’UNESCO –adopté par le Maroc-, on voit clairement qu’elle englobe tout : "La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances».

La culture, vision 2020

N’est-ce pas le moment de revoir les secteurs dits prioritaires ? Certes on ne peut nier l’importance ni la contribution de ces industries mais si on veut joindre l’économique au social, il n’y a que le capital immatériel -surtout culturel- qui peut réussir une telle combinaison. En effet, ce dernier ne privilégie pas une partie qualifiée et formée seulement  mais il implique les différentes composantes et classes sociales, quel que soit son niveau de formation ou de qualification.

La définition du capital immatériel au niveau macro-économique ne relève pas seulement du travail du comptable ou fiscaliste comme c’est le cas au niveau micro mais c’est un champ pluridisciplinaire (économique, social, environnemental, spirituel, culturel,…).

C’est donc maintenant qu’il faut redonner au ministère de la Culture le rôle qu’il aurait dû toujours avoir, parler d’une industrie de la culture, redéfinir le rôle des collectivités locales et pourquoi pas élargir le champ d’action du  «Conseil Economique, Social et Environnemental»  au culturel, voire même créer une fondation nationale du  patrimoine. 

Ce travail doit également passer par une cartographie de ce capital immatériel par région  selon la nouvelle conception de régionalisation avancée. Référencer ce qui existe comme patrimoine par territoire afin d’élaborer une stratégie de développement territorial en se basant sur la ressource immatérielle, clé de chaque territoire afin de créer une identité, une image pour caque ville, chaque village, chaque douar.

L'homme au coeur du développement

Mais au final, le capital immatériel ne peut exister, être exploité et contribuer efficacement à l’économie marocaine sans le facteur principal qui est l’homme. Si cet homme lui-même n’est pas conscient de la valeur et l’importance  de cette richesse dont il dispose et qui au lieu de ça la méprise et la nargue, on ne peut rien faire. C’est pour cela qu’il convient de l’impliquer dans le processus de détermination et d’évaluation dès le départ.

Focalisons nous sur cette richesse tant méprisée, ignorée, oubliée et marginalisée, cette richesse qui n’existe qu’avec et dans le peuple et qui doit être valorisée et exploitée mais positivement au bénéfice de ce même peuple. Ce capital immatériel ne doit pas être gaspillé, c’est notre dernière chance. C’est aussi l’occasion de préserver notre histoire et où tout citoyen quel que soit son niveau social, économique, culturel ou origine géographique peut être une partie indispensable et un acteur du développement et non pas un sujet de développement.

Tribune

Loubna Karroum
Doctorante en économie
Le partage équitable
Auteur : taharo
Date : le 13 août 2014 à 15h54
J'aime bien ce que vous dites. La richesse créée sert à grossir les gros et à maintenir les autres dans un état de servilité qui frôle la misère et ils osent parler du patrimoine comme si le marocain simple ignorait qui il est, ce qu'il sait faire et d'où il venait. La seule solution c'est le partage équitable. C'est un problème de justice qui doit-être résolu par les décideurs politiques. Ce n'est pas demain la veille.
Une richesse inégalement répartie.
Auteur : taharo
Date : le 13 août 2014 à 15h42

Votre article reprend les principes généraux du rôle du patrimoine (matériel et immatériel) dans le développement (local ou/et national). Il est valable pour tous les peuples, tous les pays et dans toutes les époques. Autrement dit il ne sert à rien pour résoudre un problème spécifique comme celui du Maroc Actuel. Ce que je retiens du discours du trône c'est que le Maroc a créé de la richesse durant la dernière décennie. C'est un fait avéré et reconnu. Le problème c'est que cette richesse n'a pas profité à tout le monde d'une manière équitable. Elle a engraissé les nantis du pays et les hauts fonctionnaires de l'Etat, alors que les pauvres sont restés pauvres, surtout ceux des zones rurales enclavées (monts de l'Atlas, l'Oriental etc.). Sa Majesté a reconnu, durant ses déplacements en zones rurale, la précarité de certaine communauté humaine.
Le savoir faire du marocain est connu et reconnu dans l'agriculture, l'élevage, l'artisanat... Il crée de la richesse mais il ne profite pas pleinement de son travail. cette situation est le résultat d'une élite politico financière qui ne veut rien partagé, tout le reste n'est que littérature et bavardage de salon destiné à avoir la conscience tranquille.
les arrivistes !!! allez c'est l'occasion ..! ! !
Auteur : houssni39
Date : le 08 août 2014 à 01h11
"ahl fes" ( berrada , bennani , ben souda , ben chemssi , alami w zid w zid ) se régalent derrière leurs écrans ; eux ils sont dans le réel , dans le pouvoir , et pour les autres on prévoit le virtuel ,on assiste même a une concurrence entre pseudo-intelectuels , chacun va avec sa conception de l’immatériel afin de plaire....
au lieu d'aider les nécessiteux et les ambitieux a accéder au matériel légitime dont ils aspirent , et casser le monopole de quelque familles qui s'arrogent le droit à elles seules de bien vivre et transmettent leurs héritage à leurs progéniture , on créer des confusions dans la tête des gens pour les distraire , en attente d'une nouvelle distraction .
pour comprendre cela de prés , il suffit , par malheur d'avoir un petit souci pour payer ses dettes au Maroc ou oser demander un crédit , et tout ces concepts s’écroulent comme un châteaux de cartes..
PAUVRE MAROC
Dernière modification le 08/08/2014 02:01
Valeur Immaterielle.
Auteur : vm2
Date : le 07 août 2014 à 17h03
Je dois definir tout simplement VI (Valeur Immaterielle) par une cette reflexion :
La valeur Immaterielle, c'est le respet fondamental et constitutionnel, de la valeur des valeurs et principes, tout en tenant compte de la valeur patriotique, avec la vision intelligente de passer de l'Initiative Nationale pour le Developpement Humain" INDH a l'Initiative Humaine pour le Developpement National" IHDN.

Professor l.ALABDALLAOUI - Alaoui
Sujet tabou ! développement de homme
Auteur : Benichou idir
Date : le 06 août 2014 à 19h18
Excellent et Merci pour cette analyse ! jamais le capital humain n est inclus dans les plans de développement , la preuve : le Maroc classé par le PNUD à l INDH : 129 e - l Algérie :93 e. les politiciens parlent de richesses : poisson ,phosphates, PIB ,et les exploits macro-économiques , mais le citoyen , est perçu comme un trouble fête , un parasite saprophyte , un sujet sous tutelle.
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