Menu

Grand Angle

Finance islamique : Seulement 1 milliard de crédits accordés en 6 ans, le Maroc très loin du potentiel qu’on lui prétend

Au cours de ces six dernières années, l’encours des crédits alternatifs a atteint à peine 1,2 milliard de dirhams, selon La Vie éco. Alors que ces produits étaient lancés en grande pompe en 2008, plusieurs facteurs expliquent cette contre-performance, laissant le Maroc encore loin du potentiel que lui attribue plusieurs études sur la finance islamique.

Publié
DR
Temps de lecture: 2'

Depuis l’autorisation des produits alternatifs en 2008, l’encours des crédits y afférant ne serait que de 700 à 800 millions de dirhams et atteindrait environ 1,2 milliard «si on ajoute la marge TVA comprise, qui est généralement incluse dans l’encours des crédits islamiques». C’est ce que révèle l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition de ce vendredi 18 juillet. A noter que 80% de cet encours est détenu par la filiale d’Attijariwafa Bank, Dar Assafaa, qui reste actuellement le seul établissement proposant les produits alternatifs, après le retrait sur ce segment de la Banque populaire et BMCE Bank en 2010.

Voilà donc l’état actuel du marché des produits alternatifs du Maroc : 1,2 milliards de crédits essentiellement immobiliers accordés aux Marocains en 6 ans. La non-popularité des produits alternatifs était déjà connue, mais ces chiffres montrent encore à quel point ces produits ne font pas le poids avec ceux de la finance classique dont l’encours des crédits à l’habitat atteint les 164 milliards de dirhams.

Les défis demeurent pour la finance islamique au Maroc

Selon les professionnels interrogés par l’hebdomadaire économique, cette situation est imputable à trois facteurs principaux à savoir : l’absence de certification garantissant la licéité des produits proposés, la non-adhésion des Marocains due au manque de communication des banques, ainsi que la cherté des produits alternatifs.

En effet, les deux principaux produits alternatifs actuellement sur le marché sont assez coûteux comparés aux produits conventionnels. Il est vrai que la Mourabaha qui représente 95% des encours de crédits alternatifs a réussi à diminuer son coût, sans pour autant s’aligner. L’Ijira est, pour sa part, resté élevé avec une TVA de 20% quand les solutions conventionnelles ne supportent que 10% de cette taxe.

Pourtant, les études réalisées sur le potentiel de la finance islamique au Maroc depuis le lancement du projet de loi ont insisté sur le facteur prix, estimant que sa compétitivité avec les prix de produits conventionnels serait très déterminante pour l’essor du secteur.

De plus, à voir l’encours de crédits de 1,2 milliards de dirhams généré par les produits alternatifs en 6 ans, le Maroc est extrêmement loin de ce potentiel qu’on lui prétend. En effet, une récente étude de Thomson Reuters affirmait que les actifs de la finance islamique pourrait peser jusqu’à environ 70 milliards de dollars en 2018, c’est-à-dire dans 4 ans.

Mais l’autre défi reste l’adhésion des Marocains déjà très habitués à la finance classique. Et cette question n’est toujours pas résolue. Il vrai que plusieurs études, notamment celle du cabinet IFAAS réalisée en 2012, ont déjà fait état de la grande ouverture de la population à la finance islamique, mais les analystes ne cessent de pointer du doigt le manque d’information qui entoure la question, lequel pourrait justement influencer le comportement des Marocains face à ces produits. Aussi, l’Etat qui craint depuis leur non-adhésion n’a toujours pas réalisé sa propre enquête. C’est dire les défis qui sont à relever, sans parler du projet de loi qui tarde encore à être adopté à la Chambre des conseillers.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com