En 2009, Game of Thrones ouvre la page d’un nouveau type de tournage au Maroc : les séries américaines. Alors que le royaume avait plutôt été prisé par certains grands films comme le célèbre Lawrence d’Arabie, La chute du faucon noir, Gladiator, ou encore la Momie – pour ne citer qu'eux – le pays a connu une période déserte pendant laquelle sa magnifique architecture et son désert n’attirait plus autant les producteurs étrangers. Les professionnels, pour leur part, attribuent cette période noire à la crise financière de 2008.
En tournant donc une partie du pilote à Essaouira à l’automne 2009, la série américaine Game of Thrones a comme redonner un second souffle au tournage au Maroc, même si la tendance ne suivra pas si vite pour autant. Cependant les changements opérés dans la conception des séries américaines semblent jouer en faveur du royaume. Ces dernières années en effet, elles deviennent de plus en plus des superproductions avec des formats semblables à de longs films d'environ 12 heures et des scénarios redoublant de finesse et d’imagination. Leurs budgets sont de plus en plus importants et leur casting n’a rien à envier aux films du cinéma.
De plus en plus prisé
Ainsi un peu plus tard, une autre série américaine, The Bible, choisit Ouazazate pour le tournage de quelques scènes avec, de surcroit, un acteur marocain qui incarnait le rôle de Satan. On se souvient d’ailleurs que dès la diffusion de troisième épisode en mars 2013, la forte ressemblance du personnage avec le président américain, Barack Obama, avait suscité un tollé aux Etats-Unis.
En 2013, deux autres séries tentent l’expérience marocaine. En été, l’équipe de production de Tyrant dépose ses valises à Rabat, Marrakech et Tetouan pour y tourner le pilote de la série. A noter qu’il s’agit d’un gros coup, car les producteurs exécutifs de Tyrant comptent à leur actif de grands succès mondiaux, comme 24 Heures Chrono, Lost ou encore X-Files.
En novembre de la même année, c’est Homeland qui réalise deux épisodes sur le sol chérifien. Et selon Sami Layani de Sahara Productions interrogé par Yabiladi, «il y a pas mal de séries qui arrivent». Il sait de quoi il parle, puisque sa société a accompagné les tournages de Tyrant et Homeland au Maroc. Déjà, d’autres tournages - pour une série américaine et une allemande – sont actuellement en cours dans des villes du royaume dont Marrakech.
Challenge
Toutefois, Sami Layani estime qu’il n'y a pas lieu de jubiler pour l’instant, car le Maroc est fortement concurrencé dans ce domaine et parfois, il ne fait pas le poids. «Les pays d’Europe de l’Est nous dépasse de loin. Non seulement ils ont beaucoup plus d’infrastructures (studios, techniciens compétents, etc), mais ils pratiquent des prix plus bas», explique ce professionnel de la production cinématographique. En outre, «il y a cette question de taxe urbaine. Des pays comme l’Afrique du Sud et l’Espagne la paye aux producteurs étrangers. S’ils dépensent par exemple 1 million $, on leur rend 10%. Du coup, certains préfèrent opter pour ces pays», ajoute-t-il soulignant qu’il a lui-même perdu deux marchés cette année pour cette raison.
C’est quasiment la même histoire pour Tyrant. «Normalement, toute la série devait être tournée ici [au Maroc, ndlr], mais après ils ont préféré poursuivre en Israël», explique M. Layani. De même Star Wars avait prévu des tournages au Maroc, mais les producteurs sont finalement allés à Dubaï, toujours pour des raisons financières.
A coup sûr, le Maroc reste attrayant dans la région en ce moment où les pays comme l’Egypte connaissent une certaine instabilité. Mais, les professionnels estiment que le royaume devra mettre les moyens en jeu s’il veut au mieux tirer profit de son potentiel, d'autant plus qu'un tournage étanger au Maroc est rentable à plusieurs niveaux. Actuellement, le Centre cinématograhique marocain (CCM) est en restructuration et ils espèrent que le nouveau dirigeant sera «assez ouvert d'esprit» pour faire bouger les choses.