Abdelilah Benkirane a fait sienne la tactique du salafiste Mohamed El Fizazi qui, depuis quelques temps, tire dans toutes les directions et presque contre tout le monde. Aujourd’hui dans un hôtel de Rabat, à l’occasion d’une réunion avec les médecins de son parti, Benkirane a sorti la grosse artillerie pour attaquer, sans ménages, ses opposants dans les médias publics en ciblant particulièrement la directrice de l’information de 2M, le PAM et l’investisseur Karim Tazi. Chacun d’eux a eu droit à son moment de "gloire".
«Pour une dissolution du PAM»
Les réunions sectorielles du PJD constituent pour Benkirane des moments propices pour régler ses vieux comptes. Celle du dimanche 25 mai avec les médecins n’a pas dérogé à cette règle. Sur les traces de son ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi qui a dénoncé il y a deux semaines à la Chambre des conseillers, la «dérive» des médias publiques, le secrétaire général de la Lampe a continué sur la même voie en enfonçant le clou. Benkirane a ainsi déclaré que la directrice de l’information de 2M l’aurait contacté en 2011 pour «le supplier». Mais le chef de gouvernement n’a pas précisé pourquoi ni quand exactement en 2011. Est-ce avant sa désignation par le roi Mohammed VI pour former un gouvernement ou après ? Sans apporter d'éclaircissements il reprendra le rituel refrain des «médias complices, ceux qui sont entre les mains de parties connues, sont loin d’être impartiaux».
Après les médias au service de l’agenda de ses détracteurs, c’est ensuite au tour du PAM de subir les attaques du PJDiste. Apparemment, pour lui les deux sont complices. Benkirane a soutenu que pendant les marches du Mouvement du 20 février au printemps 2011, des membres de la direction du PAM auraient quitté le Maroc à destination de la France. Là aussi, il a évité de donner davantage de précisions. En revanche, il a martelé que «le PAM est un parti anormal, crée dans des conditions anormales. Le mieux qu’il pourrait faire est de s’auto-dissoudre» afin de céder la place à des «formations opposées au PJD mais issues du peuple».
L’homme d’affaire Karim Tazi logé à la même enseigne que 2M et le PAM
Mais force est de constater que la liste des «ennemis» de Benkirane vient de s’allonger. Le chef de gouvernement y a ajouté l’homme d’affaire Karim Tazi. Depuis que ce dernier a violemment critiqué le PJD à l’occasion d’une conférence à Rabat en présence du ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, il est devenu une des cibles préférées du SG de la Lampe.
Et pourtant Tazi avait voté aux législatives anticipées du 25 novembre en faveur du PJD. Aujourd’hui à Rabat, Benkirane a réduit cette adhésion à «la peur de perdre sa fortune». C’est d’ailleurs la deuxième fois en une semaine qu’il s’en prend à Tazi lors d’une rencontre publique.