Depuis le vendredi 16 mai, des salles de cinéma du voisin du nord, spécialement en Andalousie et aux Iles Canaries, projettent le documentaire «Back to Sahara» du réalisateur Paco Millán. Le film raconte le retour de Ángel de Ceano, présenté comme le dernier soldat espagnol à avoir quitté la province en février 1976. A l’époque, il avait le grade de colonel. Un voyage qu’il a effectué en compagnie de son fils, Manuel, justement né au Sahara occidental, et de son ami le lieutenant-colonel, Agustín Delgado.
Le personnel et le politique fortement présents
Le film est un retour aux sources pour les trois protagonistes. Le fil séparant les souvenirs personnels des faits politiques est tellement ténu que parfois les deux ne font qu’un. L’œuvre cinématographique fait un zoom sur certains événements historiques ayant précédé le départ de l’armée espagnole du Sahara, conformément au traité de Madrid du 14 novembre 1975, soit six jours avant le décès de Franco, signé entre le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie.
L’ «Opération Voladura» en est d’ailleurs le meilleur exemple. Un groupe de militaires proches de la droite auraient tenté de faire sauter l’hôtel de ville de Laâyoune qui accueillait deux importantes délégations marocaine et mauritanienne. Des divergences de vues et l’hostilité de Madrid à une telle mission seraient les causes de son échec.
Le documentaire évite d’accuser le Polisario d’avoir tué des Espagnols
L’œuvre aborde, à sa manière, une des phases encore sombres de l’histoire du conflit. Le réalisateur Paco Millán impute au Maroc la responsabilité des naufrages, durant la fin des années 70 et le début des années 80, de plusieurs bateaux de pêche de la flotte des Iles Canaries, au Maroc. Une idée largement répandue, jusqu’à aujourd’hui, au sein des groupes de partisans du Front dans les médias et la culture.
Pourtant, l’Association canarienne des victimes du terrorisme (ACAVIT), créée en 2006, apporte un autre son de cloche. Durant toutes ces années, l’ONG a toujours accusé le Polisario d’être le responsable de la mort et la disparition de 289 pêcheurs originaires des Iles Canaries. Un combat, d'ailleurs, couronné le 27 juin 2010 par une audience accordée à la présidente de l’ACAVIT par le roi Juan Carlos à l'occasion de la journée des victimes du terrorisme.