Le procès d’Abdeslam Bahiad s’est finalement tenu jeudi au Tribunal de Carpentras. Cet ancien responsable de la mosquée d’Orange, accusé de gérer un réseau proxénète, a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison ferme. Abdeslam Bahiad voit aussi ses avoirs bancaires saisis. Ses deux fils, Niki et Abdelghafour, écopent eux de trois ans et l’autre, Omar, 2 ans.
Le père faisait venir de jeunes Marocaines en France pour les prostituer. Il était pourtant une personnalité respectée à Orange, jusqu’à ce que l’affaire éclate. Il gérait entre autres plusieurs commerces et de nombreux appartements dans toute la ville alors que ses trois fils s’occupaient du bar «Le France». Un clan qui a explosé le 23 juin 2009, quand le coupable est interpellé avec ses fils par la police judiciaire, explique LaProvence. Tous ont été mis en examen pour «proxénétisme aggravé, blanchiment et immigration clandestine».
Ils sont accusés avec Drissia El Bouchti, la rabatteuse, d'avoir fait transiter des jeunes Marocaines de leur pays à Orange pour les pousser par la suite à se prostituer. La femme écope, elle, de 4 ans, dont deux avec sursis. Le clan aurait constitué un réseau de prostitution et de blanchiment d’argent dont le quartier général était le bar «Le France» et les appartements de la famille qui servaient de lieu de rendez-vous des jeunes Marocaines.
Condamnation sans éléments matériels suffisants
Lors du procès, le père, était absent en raison d’un malaise. Malgré la défense et les contradictions soulevées dans le dossier par son avocat Me Rivière, le président Michel Selaries et ses assesseurs ont prononcé une peine bien plus lourde que celle du ministère public qui avait requis deux ans de prison pour la famille Bahiad, l'expulsion du père et la confiscation de tous les biens.
Pourtant, le procureur l’a reconnue hier, des éléments matériels manquent pour condamner les accusés. Certes la famille a été surveillée de 2006 à 2009, placée sous écoute, filée, mais aucun lien indéniable avec un réseau de prostitution n’a été défini, bien que celui-ci existe bel et bien. Le procureur s’est aussi servi des témoignages de certaines victimes. Mais là aussi, un autre problème fait tâche: elles ont changé de version retirant leurs anciennes accusations à l’encontre de la famille Bahiad. Cela s’est encore manifesté lorsque deux autres sœurs se sont présentées à la barre affirmant qu’elles ne s’étaient jamais prostituées sous les ordres de Bahiad alors qu’elles avaient soutenu le contraire auparavant. Ces multiples volte-faces ont amené le procureur à conclure que le dossier est «pollué».
L’affaire est loin d’être terminée
La police est aussi visée par les Bahiad et leur avocat qui estiment que leur démarche dans l’affaire a été orientée. Me Rivière a soulevé toutes les contractions du dossier, mais le procureur s’est montré intransigeant. Selon l’avocat, Abdeslam Bahiad a été le premier à révéler l’existence du réseau proxénète en 2007 dans une lettre envoyée à la police sous son nom d’emprunt. «Pourquoi l'aurait-il fait s'il était coupable, il n'aurait quand même pas scié la branche sur laquelle il était assis !», s’interroge Me Rivière. Abdeslam et ses fils vont faire appel de la décision. L’affaire pourrait donc connaitre de nouveaux développements.