Le fonds norvégien surveille de près l’exploration offshore du pétrole dans le Sahara marocain par Total. Il pourrait même se désengager de la société française, dont il est actionnaire à hauteur 2,06%, si ce dernier ne respecte pas les normes internationales dans ses activités offshore. «Nous suivons attentivement le travail de Total au Sahara occidental», a confié à Reuters Ola Mestad, professeur de droit et président du comité d'éthique du fonds depuis 2010.
Total a obtenu en 2001 du Maroc une licence d'exploration pétrolière et gazière au Sahara occidental et l’office national de l’hydrocarbure et des mines (ONHYM) a renouvelé ses engagements avec la compagnie française et Kosmos Energy tout récemment. Dans deux déclarations signées avec les deux compagnies, le Maroc avait promis que «l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles d’hydrocarbures dans la région du Sahara se feront conformément aux normes internationales, notamment celles découlant de la Charte des Nations Unies».
Malgré ces assurances, le fonds norvégien se veut clair. Dans le cas du Sahara occidental, la préoccupation première était d'assurer la protection des intérêts des populations locales, dont «une part importante est déplacée ou vit en exil», a souligné Mestad. L’organisme Western Sahara Ressource Watch était le premier à être monté au créneau pour manifester son opposition au renouvellement du contrat de Total dans le sud du Maroc.
Total rassure sur fond de nombreux précédents
De son côté, Total avait donné des garanties à l’issue de son accord avec l’ONHYM. La société avait bien assuré que ses «activités offshore au Sahara occidental (…) sont en ligne avec le droit et les standards internationaux applicables figurant dans notre Code de conduite, en particulier ceux liés aux droits humains.» Mais le fonds, quatrième actionnaire de Total avec ses 2,06%, ne s’engage que dans des entreprises qu'il juge éthiques. Pour preuve, il a déjà exclu tout engagement dans 63 sociétés cotées, notamment des fabricants d'armes nucléaires, de mines antipersonnel ou de produits du tabac.
Par le passé, le comité d'éthique du fonds a demandé la cessation des investissements dans certaines entreprises en raison de leur présence au Sahara occidental. Ainsi, en 2005, le fonds avait cédé sa participation dans la compagnie pétrolière Kerr McGee se basant sur l’avis de son comité d'éthique, qui considérait que les travaux d'exploration offshore de Kerr Mc Gee au Sahara appuyaient les revendications marocaines sur la souveraineté du territoire. L’année suivante, Kerr McGee n'a pas renouvelé son contrat. Six ans plus tard, le fonds a récidivé en cédant ses parts dans Potash Corporation of Sasktchewan et dans FMC Corporation car ces deux entreprises achetaient du phosphate marocain dont une partie provient des mines de Boukraa au Sahara.