L’amnistie fiscale accordée aux fraudeurs par le gouvernement Benkirane est au cœur d’une nouvelle polémique. L’avocat Tarek Sbaï, le président de l’Instance nationale de protection des biens publics au Maroc (INPBPM) a avancé, dans des déclarations au quotidien Libération, dans son édition du mardi 11 février, qu’«il se pourrait que Mustapha Ramid ait reçu une liste que son collègue française Christiane Taubira lui aurait adressée. Une action qui s’inscrit dans l’application des dispositions de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la prévarication».
Le ministre des Finances précise
Le même jour à la Chambre des représentants, Mohamed Boussaid, l’argentier du royaume, assurait dans une réponse à une question du groupe istiqlalien, que le gouvernement ne détenait aucune liste des Marocains ayant acquis illégalement, des biens et des avoirs dans des banques à l’étranger. Le ministre des Finances a même ajouté que son cabinet, en cas de la possession de la fameuse liste, ne la dévoilerait jamais.
Le ministre a défendu cette ligne de conduite qu’il a qualifiée de «réconciliation économique avec les citoyens ayant commis des erreurs dans l’application de la loi». Depuis le pavé jeté le 31 décembre dernier, par Benkirane, lors de son passage à la Chambre des représentants, c’est la seconde fois que Boussaid se voit obliger de tenir les mêmes propos afin de rectifier le tir. Une sortie qui rectifiait les déclarations de son supérieur hiérarchique, affirmant détenir des «informations sur des personnes appartenant à des partis qui ont des comptes en milliards à l’étranger».
La France n’a pas intérêt à ouvrir la boîte de Pandore
Sous couvert d’anonymat, une source syndicale au ministère de la Justice nous confie que les «déclarations de Me Tarek Sabaï sont juste destinés à la consommation médiatique», affirmant au passage que «la France ne remettra jamais une liste aussi compromettante que celles des Marocains ayant des biens et des comptes bancaires sur son territoire».
Et d’ajouter qu’en ces temps de crise «Paris a beaucoup plus besoin de la confiance des investisseurs et des personnes riches que de jouer les délateurs. Sachant que les comptes bancaires peuvent être transférés ailleurs en un seul clic. Ce qui porterait un grave préjudice au fisc français, grand bénéficiaire des acquisitions illégales des riches marocains». Et de conclure qu'«en ces moments difficile, la France n'a pas intérêt à ouvrir la boîte de Pandore ni celles des Marocains ni des autres ressortissants des pays africains». Message subliminal ou constat cynique de la realpolitik ?