A la cour d’appel de Fès, le calvaire juridique de Mohamed El Baladi a pris terme ce matin. «Le juge vient juste d’acquitter ce Marocain converti au christianisme», nous confie brièvement Mohamed Oulad Ayad, le président de la section régional de l’AMDH à Fès. Une issue heureuse pour ce marchand ambulant originaire de Taounate qui a toujours défendu son droit à embrasser la foi chrétienne, et ce, depuis le début de cette affaire en août dernier
L’article 220 du code pénal mis en sourdine
Le verdict d’aujourd’hui, très attendu d’ailleurs par les associations des droits de l’homme et la famille du prévenu, confirme, d'ailleurs, la position exprimée par le procureur lors de l’audience du jeudi 6 février. Au cours de celle-ci, le représentant du ministère public a déclaré ne retenir aucune charge contre Mohamed El Baladi, assurant que la constitution du 1er juillet 2011 garantit le libre exercice de culte à tous les Marocains.
Une sentence contraire à l’article 220 du Code pénal qui prévoit des peines d’emprisonnement entre «six mois à trois ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams» contre toute personne qui emploie «des moyens de séduction dans le but de convertir» un musulman «à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats».
Un procès expéditif et sans avocat en première instance
Le 3 septembre, le tribunal de première instance de Taounate condamnait le marchand ambulant à trente mois de prison et à une amende de 5000 dh pour avoir embrassé et tenté de diffuser la foi chrétienne auprès des jeunes de son village d’Aïn Aïcha. Lors de la première phase du procès, El Baldi avait comparu devant la cour avec l’assistance d’aucun avocat. Et pour cause, les robes noires de la région avaient refusé de le défendre.
Et son malheur n’allait pas s’arrêter là. A ce verdict lourd et à ce manque de soutien se sont ajoutées de mauvaises conditions dégradantes et humiliantes lors de sa détention. A la prison locale de Taounate, il a été passé à tabac par les autres détenus.
Lueur d’espoir à la cour d’Appel de Fès
Ce n’est que grâce à la mobilisation de l’AMDH et de quelques supports de presse que les mauvais traitements infligés à El Baladi cesseront. Une lueur d’espoir confirmée le 27 septembre par la décision de la cour d’appel de Fès de lui accorder la liberté provisoire.
Devant cette juridiction, Mohamed El Baladi a pu bénéficier du soutien de plus de dix avocats, des bénévoles membres de l’AMDH qui ont plaidé la cause du jeune converti au christianisme. Une solidarité confirmée, aujourd'hui, par son acquittement. Une autre phase commence, alors, dans la vie de Mohamed El Baladi.