La régularisation des sans papiers au Maroc, dès 2014, a été accueillie à bras ouvert par les associations de défense des droits des migrants. Ces dernières qui ont longtemps milité en faveur de meilleures conditions pour les immigrés, semblent enfin soulagées. Un peu plus de vingt quatre heures après l’officialisation de la décision qui rentre dans le cadre de la nouvelle politique migratoire, le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem) a exprimé toute sa satisfaction.
Contactée par nos soins, l’association a indiqué qu’elle avait appris cette nouvelle orientation «avec beaucoup de joie et de fierté, d’abord pour le bon sens et la générosité du Maroc, mais aussi pour nous qui nous nous bâtons depuis des années pour cela». Selon son président, Mehdi Alioua, le Gadem a été quelque part impliqué dans ce processus «comme d’autres associations anciennes de migrants et de défense des droits de l'homme». S’il reconnait que l’apport du Gadem a été relatif, cela n’enlève toutefois en rien la qualité de la démarche marocaine. «C’est suffisant pour dire que les autorités marocaines sont bien intentionnées sur ce dossier et veulent travailler dans la concertation et la transparence».
«Nous ne savons pas si nous allons être à la hauteur de cette tâche»
A la question de connaitre les obstacles auxquels cette régularisation pourrait être confrontée, Alioua pense que «pour l’instant, le problème principal est le manque de savoir faire du Maroc». «Il y a tout à faire, il faut inverser une politique sécuritaire d'exclusion en une politique d'inclusion», explique-t-il. Il souligne également la nécessité «d’inventer ou innover car la régularisation administrative seule a un intérêt limitée». L’essentiel serait d’aller «vers une nouvelle forme de politique migratoire et d’intégration», ajoute-t-il.
L’idée de régulariser les sans papiers semble quelque part semer une petite inquiétude toutefois. «C’est à la fois très ‘’excitant’’ et très ‘’anxiogène’’ car nous ne savons pas si nous allons être à la hauteur de cette tâche», explique-t-il, soulignant que «les européens n’ont pas toujours fait les bons choix sur ces questions malgré leur niveau de développement». Pour le président de l’organisation, «il ne pourra pas s’agir exactement du même type de politique d’intégration que celle des pays européens, ne serait-ce que parce que les questions des mobilités sont au centre des ces mouvements migratoires».
«Pas trop tôt» de régulariser les sans papiers dès 2014
Même si la décision semble soulager un bon nombre d’immigrés, elle reste suspendue à plusieurs critères. En tout cas, sur la toile, les ressortissants étrangers réguliers comme non réguliers ont largement apprécié la nouvelle voie tracée par le Maroc. On peut d’ailleurs le percevoir sur les comptes des associations de migrants ou des travailleurs étrangers au Maroc que nous avons tenté de contacter en vain.
Pour Alioua, «il n’est jamais trop tôt pour la démocratie, l’égalité et l’état de droit». La régularisation intervient pour «inclure des personnes en situation de clandestinité juridique et d’exclusion sociale et politique en respectant leurs droits fondamentaux». Cette politique, à l’entendre, rejoint la volonté de changement du Maroc et va bénéficier à toute la société. Le président du Gadem n’a pas omis de signaler qu’aujourd’hui, il est impératif de «libérer tous les étrangers détenus pour le seul crime de ne pas avoir de papiers et qu’il faut urgemment un moratoire contre les expulsions».
Pour sa part, le secrétaire général du Gadem, Hicham Rachidi, avait indiqué, sur RFI, qu’il fallait «prendre un temps de réflexion, d’associer les personnes concernées, les organisations de la société civile, le Conseil national des droits de l’Homme et de solliciter des expériences à l’international» afin d’«avoir un peu de recul pour l’ensemble de l’organisation du processus».