Voilà plus d’un mois, qu’officiellement, les négociations sont menées pour la formation du gouvernement Benkirane II. Mais tout indique que le prochain cabinet ne verra le jour qu’en septembre. Au-delà de cette échéance, c’est l’adoption du projet de loi de finance 2014 qui en serait lourdement affectée. Les réunions entre le tandem PJDiste Abdelilah Benkirane-Abdellah Baha et le président du RNI, Salaheddine Mezouar accusent encore du retard.
Cette fois, la cause n’est nullement une réunion imprévue avec le roi Mohammed VI ou une présence lors de réceptions à l’occasion des fêtes nationales du 20 et 21 août mais plutôt les vacances du chef de l’exécutif. Pendant dix jours, celui-ci sera absent. Le conseil de gouvernement, prévu aujourd’hui, a, d'ailleurs, été reporté à la semaine prochaine.
Les discussions avec le RNI sont dans l’impasse
Benkirane ne devrait reprendre ses fonctions que mercredi prochain. Son dernier acte officiel, était son intervention, dimanche à Casablanca, lors de la rencontre de la jeunesse du PJD. Au cours de celle-ci, le secrétaire général du parti de la Lampe n’a pas caché à l’assistance l’impasse dans laquelle se trouvent les concertations avec le RNI. En effet, la rencontre qui devait avoir lieu, au début de cette semaine, entre Benkirane et les leaders du PPS et du MP, en vue de les informer des résultats du dernier round de négociations avec Mezouar, n’a pas eu lieu.
«S’il y a blocage, je vais le transmettre au roi. Et c’est à lui que reviendra la décision finale», confiait Benkirane à l’assistance. Quelques minutes auparavant, il défiait l’opposition de présenter une motion de censure : «Ils peuvent maintenant le faire, ils ont la majorité au parlement (…) Et s’ils veulent aller aux élections anticipées, nous y sommes prêts».
La clé entre les mains du palais
Ces déclarations sont destinées, exclusivement, au palais. Benkirane souhaite une intervention de l'institution royale pour mettre fin à la crise. Il sait parfaitement que le RNI ne pourra pas aller contre une telle initiative. En lançant la balle dans le camp du palais, Benkirane ne fait que se plier à une tradition bien ancrée au Maroc.
En 1998, c’est Hassan II qui avait «convaincu» le RNI, présidé à l’époque par Ahmed Osman, de rallier le gouvernement El Youssoufi. En 2007, c’est encore une fois, le palais qui a mis un terme aux discussions marathon pour former le gouvernement El Fassi. Les mauvaises langues disent même que la liste des ministres avait été transmise à l’ancien secrétaire général de l’Istiqlal par le conseiller royal, feu Meziane Belfquih, lors d'une cérémonie religieuse, commémorant la nuit du Destin.
Avec Mezouar, le même scénario pourrait se répéter. C’est le seul moyen pour éviter le recours à des élections législatives anticipées. Une option qui conduirait sans doute à autre victoire du PJD.