Rabat provoque la colère des jihadistes. C’est dans un communiqué de presse rendu public dimanche 30 juin que le porte-parole d'Al-Qaïda Maghreb islamique (AQMI), Abdul Ilah al-Jijeli Ahmad, a réagi à la détention des huit jihadistes arrêtés le 21 juin dernier dans l'enclave espagnole Sebta.
Ces hommes sont en effet accusés d’appartenir à une cellule proche d’Al Qaïda. Ils auraient organisé le recrutement de plusieurs Espagnols et Marocains, dont des mineurs, pour les envoyer combattre en Syrie. AQMI s’offusque de ce que le ministre espagnole de l’Intérieur, José Fernandez Diaz, les ait qualifiés de terroristes alors qu’ils ne sont que des «soldats», rapporte le site d'information La Razon. «Ce qui est vraiment triste c’est que ces opérations de démantèlement sont étroitement coordonnées avec les forces armées du Commandeur des croyants», affirme Al-Jijeli Ahmad parlant du roi Mohammed VI.
«Les peuples musulmans doivent travailler ensemble»
L’homme accuse en outre le souverain chérifien «de rester ferme et fidèle dans sa collaboration avec l'occupant» de Sebta et Melilia, pourtant occupés autrefois par les peuples musulmans (du Maroc). Il appelle à présent ces mêmes peuples musulmans à travailler ensemble pour récupérer ces présides.
En effet, Rabat et Madrid sont liés par un partenariat de coopération policière qui inclut la lutte anti-terroriste. Et en annonçant le démantèlement de la cellule à Sebta, M. Diaz avait mis en évidence l’aide du Maroc. Une coopération que le porte-parole d’AQMI regrette, soulignant que le monde est actuellement dirigé selon le système des Nations Unies (ONU) dont la logique est «d’anéantir les nations les plus faibles». «Si les enfants de l’islam agissaient ensemble avec ferveur pour leurs frères soumis à l’extermination, ils leur feraient honneur», dit-il.
Abdul Ilah al-Jijeli Ahmad s’en prend également aux médias qu’il accuse de «ne pas transmettre la vérité» quand les «enfants, frères et sœurs» musulmans sont tués.
Des menaces prises au sérieux
Cette menace d’Al Qaïda au Maghreb pourrait confirmer les craintes des services secrets espagnols qui jugeaient déjà depuis la semaine dernière que la présence terroriste est devenue beaucoup trop inquiétante dans les villes autonomes de Sebta et Melilia. Depuis, les autorités espagnoles ne se sont pas prononcées, et les marocaines encore moins. Toutefois l’on s’attend au renforcement des mesures sécuritaires dans les deux pays, d’autant que le Maroc a déjà reçu une alerte d’Interpol quant à une possible attaque terroriste.
Par ailleurs la question de la récupération de Sebta et Melilia fait l’objet de multiples interrogations au Maroc auxquelles le gouvernement n’a jamais répondu de manière claire. Le sujet tarde toujours à être abordé entre les deux pays partenaires. Mais si Al Qaïda s’en mêle...