Les associations étaient reparties confiantes et rassurées par les propos du ministre qui rappelait sans équivoque que la circulaire ne concernait nullement les Marocains de l'étranger et qu'il était farouchement opposé au nouveau projet de loi, qui souhaite interdire de par ses conditions toute kafala aux MRE.
La liste des dossiers des couples Marocains bloqués, en cours de cassation, a été envoyée au cabinet du ministre, à sa demande. Toute la communauté marocaine de France et de Belgique ainsi que les couples Marocains bloqués, ont écouté «attentivement» le discours positif et rassurant de notre ministre de la Justice. Mais, jusqu’à ce jour, aucun signe annonciateur de règlement de cette crise…
De l’autre côté par contre, les couples Espagnols sont progressivement libérés et quittent le territoire marocain avec leurs enfants ! Le déblocage récent de ces couples espagnols, aurait dû annoncer en toute logique un futur règlement de la situation des couples Marocains. Mais, nous constatons amèrement que la situation n’a pas changé et s’est même dégradée pour les MRE ! En effet, la dure réalité vient rattraper les belles paroles de notre ministre et infliger une terrible désillusion aux associations de MRE et aux couples kafils MRE.
Deux poids, deux mesures
Ainsi, au tribunal de famille de Marrakech, les juges et procureurs ont confirmé leur obstination à appliquer la circulaire et ont décidé de sanctionner «de nouveau» les couples Marocains venant de l'étranger. En effet, 2 couples de MRE, un de France et un d'Allemagne, viennent de subir un refus de kafala au nom de la «non-résidentialité» au Maroc. La circulaire de Monsieur le ministre continue donc d’être appliquée malgré son discours. Après la communauté de Belgique, de France, celle d'Allemagne est donc maintenant concernée. De qui se moque-t-on ? Le tribunal de Marrakech n’a sans doute pas écouté l’émission de radio d’El Manar et les consignes du ministre de la Justice ? "Vous ne résidez pas au Maroc" a tenu comme propos, aux couples MRE, le procureur de Marrakech en charge des dossiers de kafala.
Les associations de MRE sont abasourdies par ces nouveaux cas de dossiers bloqués et par le sort tragique qui est fait aux couples MRE. Des malheureux couples qui vont devoir se pourvoir en cours appel, pour sauver leur enfant abandonné. Ces affaires iront sans doute rejoindre les nombreux couples MRE actuellement en cours de cassation. Ce sont encore de nouvelles victimes de la mauvaise interprétation de la circulaire ou finalement d’une véritable volonté de bloquer les Marocains de l’étranger ?
Le nombre important de refus sur Marrakech, ne peut que soulever colère et indignation. Nous savons clairement que la décision des procureurs est indépendante mais à ce niveau élevé de discrimination, il est plus qu’urgent que le gouvernement marocain se ressaisisse et donne un signe fort de solidarité vis-à-vis de nos concitoyens de l’étranger. Nous avons suffisamment alerté le ministère de la justice sur ces cas de dérapages juridiques. Maintenant, nous lui demandons d’intervenir, une bonne fois pour toute, auprès de ces procureurs pour clarifier la situation et que la réalité soit en accord avec la Constitution marocaine et surtout avec le discours annoncé à la radio.
Les instances MRE absentes
La liste sur Marrakech continue donc désespérément à s'allonger sans aucune réaction, aucun écrit du ministère des MRE, de la Fondation Hassan II et encore moins du fantomatique Conseil consultatif des Marocains de l’étranger (CCME). Ces grandes institutions qui se targuent de défendre les droits des MRE sont restées aux abonnés absents. Pour cette histoire tragique de kafala, ils sont tout simplement restés INUTILES et SPECTATEURS alors qu’ils ont été les premiers informés, avisés, alertés de la problématique dès l’apparition de la circulaire il y a un an !
Devant leur silence, nous avons finalement bien compris que la cause de la kafala des couples MRE et le sort des enfants abandonnés ne les intéressent pas et que nous devions compter uniquement sur notre propre volonté pour lutter contre cette injustice et défendre nous-mêmes nos droits et notre marocanité.
Sans oublier que derrière toute cette tragique histoire, ce sont des enfants abandonnées et des couples adoptifs «marocains et musulmans de naissance» en souffrance et en plein déchirement qui luttent pour leurs droits à la kafala. Si pour les Espagnols, le roi Juan Carlos a réussi à débloquer les dossiers de ses concitoyens, il ne nous restera « peut-être» plus qu’à demander rapidement la nationalité espagnole et réclamer son intervention.
Mourad Zakki pour les associations APAERK et le GAK Belgique.